Nouvelle inflexion stratégique au sein de l’OPEP+. Dimanche, huit pays du cartel élargi, dont l’Algérie, ont décidé d’augmenter leur production collective de 137.000 barils par jour dès octobre. Une hausse modeste à l’échelle d’une consommation mondiale d’environ 100 millions de barils quotidiens, mais lourde de symboles. Pour Alger, l’ajustement représente 4.000 barils/jour supplémentaires. Le ministre de l’Énergie, Mohamed Arkab, a insisté sur une « approche prudente et équilibrée » visant à « préserver la stabilité du marché » tout en gardant une « flexibilité » face aux incertitudes. Traduction : il s’agit de soutenir la demande sans provoquer un effondrement des prix. Cette décision s’inscrit dans un mouvement amorcé en avril dernier, quand l’OPEP+ avait commencé à réintroduire progressivement les 2,2 millions de barils retirés du marché fin 2023. Avec, en toile de fond, une volonté claire : reconquérir des parts de marché face à la concurrence grandissante des États-Unis, du Brésil ou du Guyana. Mais pourquoi accélérer aujourd’hui ? Plusieurs facteurs expliquent ce virage. D’abord, les fondamentaux : stocks mondiaux de brut relativement bas et perspectives économiques jugées « stables » par l’Opep. Ensuite, la pression interne. « Le message est fort : les producteurs veulent rester visibles et crédibles », observe Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy. Enfin, une donnée géopolitique : la Russie, membre clé du groupe, a besoin de volumes supplémentaires pour compenser les pertes liées aux sanctions. Reste que cette stratégie n’est pas sans risques. Historiquement, l’OPEP+ a protégé les prix en limitant l’offre. L’augmentation actuelle, même limitée, pourrait alimenter une baisse des cours dans un contexte de demande saisonnièrement plus faible au quatrième trimestre. « On pourrait rapidement descendre sous les 60 dollars le baril », prévient Leon. Déjà, le Brent s’échangeait vendredi autour de 65 dollars, loin des sommets atteints en 2022. Pour l’Algérie, l’équation est délicate tout en restant prudent. Chaque baril supplémentaire vendu génère des recettes immédiates, mais une chute durable des prix fragiliserait l’équilibre budgétaire. C’est le dilemme d’Alger comme de ses partenaires : jouer la carte du volume sans scier la branche du prix. À court terme, la hausse devrait rester indolore pour le marché mondial, tant les ajustements demeurent modestes. Reste à voir si cette stratégie collective portera ses fruits sans provoquer une chute brutale des prix, un équilibre délicat que l’OPEP+ devra gérer au fil de ses réunions mensuelles. La prochaine, prévue le 5 octobre, s’annonce cruciale.