Le pari risqué de Macron. Alors que la guerre en Ukraine entre dans sa quatrième année, les capitales occidentales jouent une partition complexe où la dissuasion militaire se dispute aux calculs géopolitiques. Jeudi, à Paris, Macron a annoncé que vingt-six pays, majoritairement européens, s’engageaient à constituer une «force de réassurance» pour l’Ukraine post-cessez-le-feu. Objectif affiché : empêcher Moscou de relancer les hostilités après un éventuel accord de paix. «Cette force n’a pas pour volonté de mener une guerre contre la Russie», a assuré le président français, insistant sur le caractère dissuasif du dispositif. Mais à Vladivostok, Vladimir Poutine a immédiatement haussé le ton. Toute troupe étrangère déployée en Ukraine serait une «cible légitime», a-t-il averti, soulignant que la présence occidentale n’aurait «aucun sens» même après un accord. Le Kremlin, par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov, a rejeté toute garantie de sécurité occidentale, accusant l’Europe d’«entraver le règlement du conflit». Dans ce jeu d’échecs, Donald Trump reste l’acteur imprévisible. Lors d’un appel avec les dirigeants européens et Zelensky, le président américain a conditionné son soutien à un effort accru des Européens contre les achats de pétrole russe. S’il a promis que «des choses se passeraient» si la Russie persistait dans son intransigeance, il n’a pas précisé la nature des mesures envisagées. Les Européens, de leur côté, espèrent un «filet de sécurité» américain -un engagement militaire limité mais clair en cas de nouvelle agression. Derrière les déclarations d’unité, les divisions persistent. Paris et Londres sont prêts à envoyer des troupes ; Berlin, freiné par des contraintes constitutionnelles et une opinion réticente, privilégie un soutien logistique. L’enjeu est de taille : convaincre Trump que l’Europe assume sa part, tout en évitant de provoquer Moscou. Poutine, lui, mise sur l’usure et la division occidentale. En proposant à Zelensky de venir «discuter, pas capituler» à Moscou, il tente de court-circuiter les Européens pour privilégier un dialogue direct avec Washington. La paix reste une perspective lointaine. Mais à Paris, on affiche une détermination nouvelle : verrouiller l’avenir par la dissuasion, plutôt que de subir un accord boiteux. Reste à savoir si les Vingt-Six sauront tenir ensemble lorsque viendra l’heure des choix concrets et si Trump acceptera de jouer les gendarmes. L’Occident joue un jeu dangereux en continuant à provoquer Moscou au même temps que Trump tente de faire fléchir l’Inde et la Chine sur un plan économique autour du pétrole russe.