Tout se joue ce week-end. Alors que les membres de l’alliance OPEP+ doivent se réunir dimanche pour statuer sur les quotas de production pour octobre, une onde de frisson parcourt les marchés pétroliers. L’enjeu est de taille: le cartel, selon des sources internes citées par l’agence Reuters, envisagerait une nouvelle augmentation de sa production, d’environ 1,65 million de barils par jour (bpj). Une décision qui, si elle est actée, marquerait un tournant stratégique majeur en accélérant de plus d’un an le calendrier initial de reprise de production. Cette simple éventualité a suffi à faire vaciller les cours. Mercredi, le Brent et le WTI ont dévissé de plus de 2%, une tendance baissière qui s’est confirmée jeudi. À la clôture, le Brent de la mer du Nord cédait 1,17% à 66,86 dollars, tandis que le WTI américain perdait 1,09% à 63,22 dollars, selon les données de l’AFP. Une nervosité qui traduit la crainte des investisseurs de voir un afflux de brut sur un marché où la demande commence à montrer des signes d’essoufflement. Dans ce climat d’incertitude, les déclarations contradictoires se multiplient. Alors que les rumeurs d’une hausse prenaient de l’ampleur, le vice-Premier ministre russe, Alexander Novak, a tempéré les ardeurs du marché jeudi. Selon l’agence TASS, il a affirmé qu’«il n'y a pas d'ordre du jour spécifique» pour la réunion, une position que des analystes, comme Jafar Al-Taie de Manar Energy, interprètent comme une manœuvre pour «apaiser les marchés» et maintenir un flou stratégique. Pourtant, les fondamentaux semblent pencher vers un assouplissement. Une enquête de Reuters révèle que la production de l’OPEP a déjà augmenté en août, atteignant 27,84 millions de bpj, tirée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Parallèlement, les données américaines ont jeté un froid: l’American Petroleum Institute a signalé une hausse inattendue des stocks de brut de 622 000 barils la semaine dernière, contre une baisse anticipée de 3,4 millions. Un signal weak de demande qui alourdit encore la pression sur les prix. Curieux retournement: pour une fois, la géopolitique est passée au second plan. Les menaces de l’ancien président américain Donald Trump à l’encontre de la Russie concernant l’Ukraine, potentiellement disruptives pour les exportations pétrolières, ont été largement ignorées par un marché hypnotisé par l’offre et la demande. Dimanche, l’OPEP+ devra donc trancher: jouer la carte de la prudence pour soutenir les prix ou ouvrir les vannes pour grappiller des parts de marché, au risque de provoquer une nouvelle surabondance.