Radiations au Sahara, agir maintenant!

Soixante-cinq ans après la première explosion nucléaire française dans le Sahara algérien, les plaies de ces expérimentations demeurent béantes. Dix-sept essais nucléaires et une quarantaine de tests complémentaires ont été menés entre 1960 et 1966 sur les 02 sites. Leur héritage est toujours visible: maladies chroniques, déplacements forcés, écosystèmes fragilisés. Vendredi, à l’occasion de la Journée internationale contre les essais nucléaires, vingt organisations internationales ont rappelé à la France et à l’Algérie que l’heure n’était plus au silence, mais à l’action. Les ONG dressent un constat alarmant: augmentation des cancers, malformations congénitales, affections respiratoires. À cela, s’ajoutent la perte de terres agricoles et la dégradation des ressources en eau, poussant des familles entières à l’exode. «Les déchets nucléaires continuent d’empoisonner la santé des populations autochtones et l’écosystème fragile du Sahara», alerte l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire. Ces impacts dépassent les frontières algériennes : les retombées radioactives des explosions ont été relevées jusque dans d’autres pays d’Afrique du Nord et au-delà de la Méditerranée. Face à cette situation, l’immobilisme politique choque. Depuis septembre 2024, une communication officielle des rapporteurs spéciaux de l’ONU est restée lettre morte. Paris n’a pas donné suite. Les ONG dénoncent la passivité et le laxisme des politiques. La France refuse à reconnaître pleinement sa responsabilité et à lever le secret sur ses archives. L’Algérie est appelée à faire face à ce drame rapidement. Pourtant, les solutions existent et sont connues. La première étape doit être la publication intégrale des cartes et documents militaires afin d’identifier les zones les plus contaminées. La deuxième, la mise en œuvre d’un plan concret de dépollution, confié à une commission mixte et indépendante. La troisième, l’indemnisation et l’accompagnement médical spécifique des victimes dont les générations continuent de payer le prix du nucléaire militaire. Cette question dépasse le cadre mémoriel: c’est une urgence humanitaire et environnementale. Chaque jour qui passe, accroît les souffrances, élargit le désert sanitaire et entretient la fracture entre Alger et Paris. Nettoyer les sites d’essais, c’est réparer une injustice historique, protéger les générations futures et prouver que la coopération internationale peut primer sur la politique de l’oubli. L’attente d’un véritable nettoyage, elle, n’a que trop duré.


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