Le marché mondial du gaz s’écrit en temps réel, entre projections ambitieuses, tensions géopolitiques et recompositions stratégiques. Exxon Mobil en donne le ton: la demande mondiale de gaz naturel devrait croître de plus de 20% d’ici 2050, portée par l’industrie et les besoins croissants des pays émergents, relaye «Energy news». À cette échéance, pétrole et gaz représenteront encore 55% du mix énergétique mondial, preuve que la transition énergétique se fera davantage par glissements progressifs que par ruptures brutales. Mais derrière les chiffres, les dynamiques régionales dessinent un marché fragmenté. Aux États-Unis, la croissance des stocks gaziers reste timide: +18 milliards de pieds cubes fin août, bien en-deçà des prévisions. Parallèlement, le Henry Hub, référence américaine, remonte légèrement à 2,88 dollars/MMBtu, tandis qu’en Europe, le TTF s’affiche à 11,37 dollars/MMBtu, reflet d’une volatilité alimentée par les contraintes norvégiennes et l’ombre persistante du gaz russe, rapportent MT Newswires et Reuters. L’Europe, justement, s’active à resserrer les mailles du filet réglementaire. Bruxelles exige désormais des preuves renforcées sur l’origine du gaz importé, afin de verrouiller l’embargo progressif sur les hydrocarbures russes d’ici 2028, indique Reuters. Dans le même temps, la Chine, tout en renforçant ses flux via Force de Sibérie 1, tergiverse sur le financement du méga-projet Force de Sibérie 2, signe que la redirection du gaz russe vers l’Asie n’est pas un long fleuve tranquille. Au cœur de ce grand échiquier, l’Algérie consolide sa place de pivot énergétique. Avec 4,5 trillions de m³ de réserves, elle demeure la première puissance gazière d’Afrique et entre désormais dans le top 10 mondial, devant le Venezuela. Ce statut n’est pas qu’un chiffre: il confère à Alger un rôle stratégique dans la sécurisation des approvisionnements européens, surtout à l’heure où Bruxelles cherche à tourner la page russe. Si les hydrocarbures conservent une part centrale dans l’économie mondiale, le gaz algérien apparaît comme un levier d’équilibre géopolitique.
Entre une Europe avide de diversification, une Afrique en pleine croissance et un marché global toujours plus concurrentiel, l’Algérie devra jongler entre modernisation de son secteur, maximisation de ses exportations et adaptation à la pression climatique. Dans ce monde où le gaz se négocie autant en chiffres qu’en rapports de force, l’Algérie tient ses cartes. Reste à savoir comment elle les jouera dans la grande partie énergétique qui se joue jusqu’en 2050.
Le retour stratégique du gaz algérien
- par B. Nadir
- Le 30 Août 2025
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