Un nouveau froid glacial risque-t-il de s’abattre sur le ciel de rapports franco- algériens? Début d’exercice de musculation ou simple hasard de calendrier? Retailleau, le nouveau ministre de l’intérieur Français ne manque assurément pas d’imagination. Il fait du dossier de l’immigration son cheval de bataille pour gagner l’estime d’une certaine classe française mais en plus, il monte la surenchère n’écartant pas la possibilité de revoir les Accords de l’immigration de 1968 qui accordent des privilèges au ressortissants algériens. On imagine mal de quelle manière réagiront les français dans l’ensemble et la communauté de l’immigration en particulier face à cette éventualité de refondre ou remettre au placard ces Accords après de si longues années. Une nouvelle fois ce dossier serait examiné de près en France à la faveur de la nomination d’un nouveau ministre de l’intérieur. Ce dossier a fait des vagues il y a quelques mois chez une certaine classe politique avant de refroidir puis réapparaître sous une autre facette plus durcie celle-là après la désignation de Bruno Retailleau. Même si c’est un dossier dont les observateurs retiennent qu’il a toujours servi de ballon de sonde pour jauger les rapports actuels de la France avec ses alliés partenaires de l’immigration notamment ceux du nord Afrique, les premiers concernés en l’occurrence les immigrés en situation irrégulière n’ont pas le vent en poupes contrairement à ce qu’ils espéraient après le départ de Darmanin. Retailleau ne cesse en effet d’afficher un certain décalage par rapport au premier nommé, il veut même durcir sa feuille de route limitant l’établissement sur le sol de l’Hexagone des personnes en situation irrégulière. Mais il souhaite aussi «de mettre de l’ordre dans le dossier immigration», un sujet épineux qui suscite déjà plusieurs débats en France. Aussitôt nommé, il est vite allé en besogne pour revenir sur les Accords de l’immigration de 1968. Une initiative pas du tout innocente puisqu’elle pourrait signer selon les observateurs un nouvel «signal négatif» dans les rapports franco- algérien après le retentissant amortissement voire le refroidissement créé par le ralliement irréfléchi et injustifié de la France au côté du plan marocain sur le Sahara occidental. Par quoi donc commencera Retailleau ?
Dans un long entretien d’une heure accordé à LCI, le successeur de Gérald Darmanin est revenu sur le thème fort de son début d’exercice, l’immigration. Dans cette intervention, Bruno Retailleau revient sur l’assassinat de Philippine, une jeune femme de 19 ans, tuée par un ressortissant marocain en situation irrégulière en France. Un sujet qui a suscité plusieurs réactions de la scène politique sur l’application des OQTF. Dans ce dossier, Retailleau cite la piste d’une extension de la durée maximale de la rétention des personnes sous OQTF. Il évoque, par ailleurs, les expulsions, estimant que le gouvernement français «doit assumer un rapport de force». Et ce, pour renvoyer ces personnes dans leur pays d’origine. Pour ce faire, le ministre de l’Intérieur cite trois leviers, à savoir : l’octroi de visa, l’aide au développement et le commerce. Interrogé sur l’application de la double peine, l’homme politique se dit favorable à une expulsion systématique après que la peine a été purgée. Bruno Retailleau revient également sur la question des accords de 1968 entre la France et l’Algérie, facilitant l’immigration de ressortissants algériens sur le territoire français. D’ailleurs, le ministre de l’Intérieur remet en cause cet accord. «Je n’ai aucun tabou. C’est un accord déséquilibré, très avantageux pour l’Algérie, désavantageux pour la France», juge-t-il dans cet entretien. D’ailleurs, le locataire de place Beauvau se dit favorable à la renégociation de ces accords. L’interview de Bruno Retailleau a de nouveau suscité plusieurs réactions. C’est le cas de Prisca Thevenot, l’ancienne porte-parole du gouvernement français, qui appelle «à parler de l’immigration sans dénigrer les Français qui en sont issus». De son côté, Marion Maréchal, l’eurodéputée de l’extrême droite, a applaudi les déclarations de Bruno Retailleau. «Double peine, accords avec l’Algérie, société multiculturelle: difficile d’être en désaccord avec les mots de Bruno Retailleau», a-t-elle jugé.
Les accords de 1968 entre la France et l’Algérie de nouveau sur le tapis. Un pas en avant, trois pas en arrière!
- par B.kamel
- Le 30 Septembre 2024
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