OPEP+, Alger ajuste le robinet du brut

C’est un virage stratégique qui en dit long sur les ambitions retrouvées de l’OPEP+. Dimanche, lors d’une réunion expéditive tenue par visioconférence, huit de ses membres, dont l’Algérie, ont acté une hausse coordonnée de leur production de pétrole à hauteur de 547.000 barils par jour dès septembre. L’objectif ? Regagner des parts de marché et rassurer sur la stabilité de l’approvisionnement mondial, alors que les tensions entre l’Occident et la Russie réactivent les incertitudes géopolitiques. Un changement de cap assumé, qui enterre symboliquement les coupes drastiques opérées ces dernières années pour soutenir des prix vacillants. «L’OPEP+ a passé le premier test», commente Jorge Leon, de Rystad Energy à Reuters. Comprendre : malgré ces hausses successives — plus de 2,5 millions de barils par jour depuis avril — les cours tiennent bon. Le Brent flotte autour des 70 dollars, confortant les membres du cartel dans leur lecture optimiste des fondamentaux. Parmi les contributeurs à cette nouvelle injection de brut, l’Algérie augmente sa production de 11 000 barils par jour, une décision confirmée par le ministère de l’Énergie. Si ce volume peut sembler modeste, il s’inscrit dans une dynamique plus large : celle d’un retour progressif du pays dans le jeu diplomatique pétrolier, avec un œil rivé sur ses recettes d’exportation. Dans un contexte de demande saisonnière robuste, cette hausse algérienne vise aussi à préserver sa compétitivité, notamment face à ses voisins du Golfe. «Jusqu’à présent, le marché a très bien absorbé ces barils additionnels, aussi grâce à l’activité de stockage en Chine», note Giovanni Staunovo, analyste chez UBS. Et d’ajouter : «Le défi désormais est politique, pas technique». Washington continue de faire pression sur l’Inde pour réduire ses achats de pétrole russe, pendant que les regards se tournent vers la décision très attendue de Donald Trump sur la Russie, prévue ce vendredi. L’OPEP+, qui pèse pour la moitié de la production mondiale, joue ainsi sur deux fronts : stabiliser les prix tout en reconstruisant sa part de marché, érodée ces dernières années. La prochaine réunion du groupe, prévue pour le 7 septembre, pourrait bien dessiner les contours d’une nouvelle phase : celle de la levée, ou non, des dernières réductions en vigueur. D’ici là, l’Algérie, comme les autres producteurs, scrutera les courbes… et les coulisses.


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