La diplomatie pèse plus que les récoltes de blé

Les prix du blé poursuivent leur recul, plombés par une offre mondiale excédentaire et une demande toujours en berne. Sur Euronext, l’échéance septembre 2025 a perdu 2 €/t en 24 heures, tombant à 196,25 €/t, dans le sillage de Chicago où les cours ont atteint un plus bas mensuel. Le même scénario touche le maïs et le soja, alors que des conditions climatiques idéales dans le Midwest américain alimentent les espoirs de récoltes record. Cette pression baissière est renforcée par les perspectives d’abondance à l’échelle mondiale : la Chine pourrait battre un record avec 142 Mt de blé, l’Inde vise 117 Mt, et l’Union européenne table sur 137 Mt (+4 % en un an). En France, les rendements sont en nette hausse, jusqu’à +14 % en Bourgogne-Franche-Comté et les qualités sont jugées «très correctes » par les coopératives. Même l’Australie, grâce à des pluies récentes, pourrait ajouter 31 à 33 Mt à l’offre mondiale. Mais malgré cette profusion, la demande ne suit pas. Les importateurs restent prudents. En Chine, les éleveurs font face à des marges négatives et des stocks déjà bien remplis. Et les tensions commerciales avec les États-Unis, encore non résolues avec des partenaires majeurs comme la Chine, le Canada ou le Mexique, entretiennent une incertitude durable sur les flux internationaux. Les accords récemment signés avec l’UE, le Japon et la Corée du Sud sont perçus comme symboliques, sans effet concret immédiat. Dans ce climat tendu, l’Algérie, ex-premier client du blé tendre français, reste absente pour la deuxième campagne consécutive. Aucune tonne n’a été exportée vers Alger en 2024-2025. Une situation liée à une grave crise diplomatique entre Paris et Alger, mais aussi à l’émergence des origines Mer Noire – Russie, Ukraine, Bulgarie – désormais favorisées par OAIC. Lors du dernier appel d’offres mi-juillet, environ un million de tonnes ont été achetées... sans aucune origine française retenue. Face à cette redistribution des cartes commerciales et une consommation mondiale attendue pourtant à un niveau record de 809 Mt, les cours restent fragiles. Sans un retour de la demande chinoise ou algérienne, la filière française devra chercher de nouveaux débouchés pour écouler ses 33 Mt de production attendue.


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