L’OPEP+ face aux incertitudes

Alors que le marché pétrolier reste ballotté entre espoirs estivaux et doutes macroéconomiques, l’OPEP+ s’apprête, ce lundi, à maintenir le cap. Réuni dans le cadre de son Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC), le cartel ne devrait recommander aucun changement à sa politique de production actuelle. Les 548.000 barils par jour supplémentaires prévus en août devraient bien être injectés sur le marché. Mieux encore, une hausse équivalente est déjà envisagée pour septembre, selon Reuters. La manœuvre n’a rien d’anodin. Elle marque la dernière étape du démantèlement progressif des coupes opérées ces dernières années pour soutenir les prix, à mesure que la pandémie et ses séquelles s’effaçaient. En septembre, les 2,2 millions de bpj restants devraient être réintroduits, tandis que les Émirats arabes unis pourraient avancer leur quota de 300.000 bpj. Pour autant, l’OPEP insiste : le JMMC n’a aucune autorité décisionnelle. Dans un communiqué préventif, l’organisation a recadré les spéculations liant cette réunion à d’éventuels changements de stratégie. La prudence est donc double, tant sur le fond que sur la forme. Mais cette stabilité apparente masque un contexte plus complexe. Si la demande estivale soutient les cours – autour de 70 dollars le baril –, les inquiétudes sur la santé de l’économie américaine et l’allègement des sanctions contre le Venezuela, qui pourrait exporter 200.000 bpj supplémentaires, pèsent sur les anticipations. Le Brent est même tombé à son plus bas depuis trois semaines, signe que les signaux restent contradictoires. Côté perspectives, l’OPEP affiche sa confiance. Lors de son séminaire de juillet à Vienne, l’organisation a balayé l’idée d’un pic de la demande pétrolière avant 2050. Son rapport World Oil Outlook prévoit une consommation mondiale atteignant 123 millions de bpj d’ici cette échéance. L’or noir resterait, selon elle, le pilier du mix énergétique mondial. Une vision en nette divergence avec celle de l’AIE ou de BP, qui voient plutôt la demande plafonner dans la prochaine décennie. En attendant, l’OPEP+ temporise. Le marché est fébrile, les projections s’entrechoquent, et les équilibres restent fragiles. Pour le cartel, c’est une course d’endurance où chaque décision compte. Et pour l’instant, mieux vaut ne pas brusquer le tempo.


ads