Conseil de sécurité, l’Algérie réclame une réforme !

En ces temps de désillusion onusienne, l’Afrique, par la voix de l’Algérie, refuse le silence. Vendredi, lors du 6éme sommet du Comité des Dix (C10) de l’Union africaine, Mme Selma Bakhta Mansouri, secrétaire d’État algérienne aux Affaires africaines, a plaidé pour une réforme structurelle du Conseil de sécurité de l’ONU. Portant le message de Tebboune, elle a réaffirmé, l'engagement de l'Algérie «à défendre le droit légitime de l'Afrique à une représentation équitable et permanente au sein du Conseil de sécurité onusien, conformément à la Déclaration de Syrte et au Consensus d'Ezulwini». Ce cri du cœur, l’Afrique n’est pas seule à le pousser. Le Brésil et l’Inde, soutenus par la Chine et la Russie, réclament eux aussi leur place autour de la table des puissants. Pour Lula et Modi, l’exclusion des grandes nations émergentes du cercle fermé des membres permanents est non seulement injuste, mais obsolète. Ils veulent rompre avec un ordre mondial figé, hérité de 1945, qui n’a plus rien de représentatif. Car c’est bien là que le bât blesse : le Conseil de sécurité n’incarne plus l’équilibre des puissances du XXI? siècle. Son droit de veto, censé être un outil de paix, est devenu un instrument de blocage politique. Inertes face à Gaza, silencieux sur tant de crises, les membres permanents, à coups de vétos croisés, neutralisent toute tentative de consensus. L’ONU, jadis phare de la diplomatie mondiale, dérive aujourd’hui entre lourdeurs bureaucratiques, double discours et crises de légitimité. António Guterres lui-même a sonné l’alarme. À l’approche des 80 ans de l’organisation, le secrétaire général appelle à un «sursaut»: réforme budgétaire, refonte des mandats et restructuration du système. Mais sans réforme du Conseil de sécurité, tout cela risque de n’être qu’un cautère sur une jambe de bois. L’initiative «ONU 80» ne peut réussir sans un aggiornamento profond du cœur de la machine onusienne. Et c’est précisément ce que réclame l’Algérie, aux côtés des pays du Sud global : un Conseil qui reflète la géopolitique d’aujourd’hui, où l’Afrique n’est plus un sujet, mais un acteur. Réformer, ce n’est pas seulement moderniser. C’est redonner à l’ONU sa raison d’être. Comme l’a martelé Mme Mansouri : il est temps que justice, équité et représentativité cessent d’être des mots creux dans le grand théâtre des résolutions non contraignantes. L’histoire n’attendra pas.


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