Gaza, l’échec diplomatique instrumentalisé

Alors que le frêle espoir d’une trêve semblait poindre à Doha, la décision soudaine de Washington de rappeler sa délégation marque un nouveau tournant dans la guerre diplomatique qui se joue en parallèle de la guerre militaire à Gaza. L’envoyé spécial américain, Steve Witkoff, a accusé le Hamas d’un manque de volonté à parvenir à un cessez-le-feu, actant de facto l’échec des négociations en cours. Une manœuvre rapidement reprise par Israël qui a rappelé lui aussi ses négociateurs. Mais dans la bande de Gaza, ce retrait américain est lu tout autrement. Le Hamas, appuyé par le Jihad islamique, y voit une tentative délibérée de faire porter aux Palestiniens la responsabilité d’un blocage orchestré. Le Hamas dénonce des accusations infondées et rappelle qu’il a, dès le début des pourparlers, fait preuve d’un haut degré de responsabilité et de flexibilité sur les dossiers sensibles notamment le retrait israélien, l’aide humanitaire et l’échange de prisonniers. Dans sa réponse transmise aux médiateurs égyptiens et qataris, le Hamas affirme s’être engagé positivement et de manière constructive, en coordination avec les autres factions et des États partenaires, pour favoriser une sortie de crise durable. Il s’étonne qu’alors même que les médiateurs eux-mêmes saluaient cette attitude, Washington adopte un ton accusateur et hostile. Derrière ce retrait, le Hamas dénonce une stratégie conjointe israélo-américaine: transformer l’échec diplomatique en levier politique, en désignant les Palestiniens comme les seuls responsables du blocage. Ce récit permettrait de justifier la poursuite de l’agression militaire — voire, selon les mots du Jihad islamique, le génocide en cours à Gaza. L’objectif? Étouffer les efforts des médiateurs, contourner toute possibilité de compromis et rendre socialement et diplomatiquement acceptable l’inacceptable. Car pendant que les déclarations pleuvent, les bombes, elles, continuent de tomber sur Gaza. En 24 heures, au moins 26 Palestiniens ont été tués dont des civils en attente d’aide humanitaire. Le bilan de la famine grimpe, les infrastructures s’effondrent et la crise humanitaire atteint un point de non-retour. Dans ce contexte, le retrait américain ne peut être perçu comme une simple mesure technique. Il s’inscrit dans une volonté plus large d’affaiblir le narratif palestinien, de miner la légitimité de leurs revendications et de poursuivre, sous couvert d’échec diplomatique, une guerre que beaucoup qualifient déjà de crime contre l’humanité et de génocide.


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