Par les temps qui courent, le pétrole ne sait plus sur quel pied danser. Depuis plusieurs semaines, les cours du brut reculent, lentement mais sûrement. Un baril de Brent qui plafonnait encore à 76 dollars fin 2024 navigue désormais autour des 68 dollars. Quant au WTI, son jumeau américain, il s’affiche en ce mois de juillet juste au-dessus des 66 dollars. Rien de spectaculaire sur le papier, mais la tendance s’installe — et elle en dit long. La raison ? Un cocktail amer mêlant tensions commerciales, ralentissement de la demande et surproduction. L’approche du 1er août, date fixée par Washington pour l’entrée en vigueur de nouveaux droits de douane, agit comme une épée de Damoclès. Les États-Unis, fidèles à leur rhétorique musclée, menacent de frapper l’Union européenne, le Japon, le Canada ou encore le Brésil avec des tarifs douaniers à deux chiffres. Une guerre commerciale mondiale à peine voilée, qui effraie les marchés et sape les perspectives de croissance. Et qui dit croissance en berne, dit demande énergétique en baisse. Les chiffres confirment cette frilosité. L’Agence internationale de l’énergie a revu à la baisse ses prévisions : en 2025, la demande mondiale de pétrole progresserait à peine de 700 000 barils par jour, au plus bas depuis 2009 — hors période Covid. En parallèle, l’offre ne faiblit pas. L’OPEP+, emmenée par l’Arabie saoudite, relance même ses vannes. Une production en hausse, une demande en recul : le déséquilibre est évident. Et les habituels grains de sable géopolitiques n’y changent rien. Le conflit éclair entre l’Iran et Israël, ou les tensions persistantes autour du détroit d’Ormuz, n’ont offert qu’un bref sursaut. Le marché semble désormais vacciné contre ces flambées de fièvre. Même les sanctions européennes renforcées contre le pétrole russe ont fait pschitt. En Chine, autre pilier de la consommation mondiale, le marché est tiède. La demande intérieure stagne, tandis que les ventes de voitures électriques grignotent la consommation de carburants traditionnels. À Shandong, les raffineries tournent sans excès, et les prix à la pompe évoluent à peine. En somme, le pétrole est pris entre deux eaux : excès d’offre, fragilité de la demande, et un monde qui, lentement, commence à en consommer un peu moins. La saison des pics estivaux ne sauvera pas l’année. L’automne pourrait bien être glissant pour l’or noir.