Alger réclame un partenariat rééquilibré avec l’UE

L’annonce par la Commission européenne, mercredi, de l’ouverture d’une procédure d’arbitrage à l’encontre de l’Algérie a provoqué une vive réaction à Alger, qui s’est dite "surprise" par cette initiative qu’elle qualifie de «hâtive» et «unilatérale». Cette procédure, déclenchée dans le cadre de l’Accord d’association en vigueur depuis 2005, vise à contester des mesures commerciales algériennes considérées par Bruxelles comme restrictives pour ses exportations. Dans un communiqué officiel, le ministère algérien des Affaires étrangères a dénoncé une décision européenne prise «en dehors de l’esprit de coopération» qui caractérise, selon lui, l’accord bilatéral. Le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, a personnellement écrit à la Haute Représentante de l’UE, Kaja Kallas, pour exprimer l’incompréhension de son pays. Il a souligné que seules deux réunions de concertation avaient été tenues en deux mois, et que six des huit différends soulevés par l’UE étaient en voie de règlement. Selon Attaf, aucune justification sérieuse ne justifie l’arrêt brutal du dialogue. Le ministre a également mis en cause l’inaction du Conseil d’association, l’organe prévu pour gérer ce type de litiges. Non convoqué depuis cinq ans malgré les demandes d’Alger, ce Conseil aurait dû, selon lui, être consulté avant toute procédure formelle. Attaf en appelle désormais à une réunion urgente de cette instance pour un traitement global et équitable des différends. Au cœur de la discorde : les restrictions algériennes sur les importations, les règles de production locale – notamment dans le secteur automobile – et les limitations de la participation étrangère. Bruxelles estime que ces mesures violent l’Accord d’association, entravant l’accès de ses entreprises au marché algérien. L’Algérie, elle, les justifie par une politique économique souveraine, axée sur la réduction des importations et la diversification de son économie encore dépendante des hydrocarbures. Derrière ce bras de fer se cache une critique plus profonde. Alger juge l’accord d’association déséquilibré, estimant que les retombées économiques sont nettement en faveur de l’Europe. Avec un volume d’échanges cumulé de 1 000 milliards de dollars depuis 2005 pour seulement 13 milliards d’investissements européens, les autorités algériennes dénoncent un partenariat à sens unique. En somme, l’Algérie ne remet pas en cause le dialogue, mais conteste la méthode. Elle réclame un rééquilibrage du partenariat et une résolution dans un cadre bilatéral. Une demande que Bruxelles semble pour l’instant ignorer.


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