Le monde s’apprête à battre un nouveau record. D’après le dernier rapport de la FAO, publié vendredi 5 juillet, la production mondiale de céréales devrait atteindre 2,925 milliards de tonnes en 2025-2026, soit une progression de 2,3?% par rapport à la campagne précédente. Cette performance historique qui marque la 7?année consécutive de hausse, est portée par des récoltes exceptionnelles de blé, maïs et riz, trois cultures qui fournissent à elles seules plus de la moitié des calories végétales consommées à l’échelle planétaire. Dans le détail, le blé atteindrait 805,3 millions de tonnes, soutenu notamment par des rendements supérieurs aux prévisions en Inde et au Pakistan. Le maïs dépasserait 1,2 milliard de tonnes, dopé par des conditions météorologiques favorables au Brésil et l’extension des surfaces semées en Inde. Le riz, de son côté, établira aussi un nouveau record à 555,6 millions de tonnes, grâce aux performances de l’Asie du Sud-Est. Si cette abondance devrait rassurer sur l’approvisionnement mondial, elle exerce déjà une pression à la baisse sur les prix. Le blé meunier a cédé 1,50 €/t entre le 3 et le 4 juillet sur Euronext, et le maïs a légèrement reculé, selon les cotations relevées par la France Agricole. Cette tendance baissière pourrait se prolonger, à en croire Dennis Voznesenski, économiste agricole à la Commonwealth Bank of Australia, qui anticipe dans son Agri Commodity Weekly Alert que «la récolte abondante dans l’hémisphère Nord devrait plafonner les prix mondiaux du blé», comme rapporté par «The Western Producer». Même constat du côté d’Erica Olson, responsable recherche et marchés à la North Dakota Wheat Commission: «Il n’y a vraiment aucune alerte majeure dans les grands pays producteurs», souligne-t-elle, pointant des récoltes solides en Europe et en Amérique du Nord, malgré quelques tensions localisées, relaye «The Western Producer». Cependant, prudence. La météo reste un facteur décisif: la FAO prévient que les prévisions de chaleur et de sécheresse pourraient impacter le maïs dans plusieurs régions clés. Et en Russie, les premiers rendements de blé dans le sud sont moins bons qu’attendus selon SovEcon, même si les parcelles récoltées en premier sont souvent les moins productives. Dans ce contexte, les prix devraient rester sous pression sur les grandes places mondiales, sauf incident climatique majeur cet été. Les marchés agricoles entrent donc dans une phase délicate où l’abondance pourrait paradoxalement fragiliser les producteurs face à des cours orientés à la baisse.