La démographie algérienne traverse une période charnière. Au 1er juillet 2025, la population du pays atteint officiellement 47 millions d'habitants, révèle les dernières données du ministère de la Santé. Cette population présente une structure tranchée : 29% d'enfants de moins de 15 ans, 59% de personnes âgées de 15 à 59 ans, et 11% de seniors de 60 ans et plus. Un phénomène inquiétant se dessine cependant : après six années consécutives de croissance (plus d'un million de naissances annuelles depuis 2014), le pays a enregistré une baisse des naissances à partir de 2020, juste après la pandémie de Covid-19. Cette année, seules 873 000 naissances sont attendues, soit un taux de 18,5 pour 1.000 habitants. Parallèlement, le mariage traditionnellement sacralisé dans la société algérienne est en net recul. Les unions ont diminué de 387 000 en 2014 (10 pour 1.000 habitants) à 282 000 en 2023. Le mariage précoce a quasiment disparu, avec un âge moyen reporté à 27 ans pour les femmes et 34 ans pour les hommes. Cette double tendance n'est pas propre à l'Algérie. Selon un rapport de l'ONU cité par l'UNFPA, «la baisse de la fécondité n'est pas due au fait que les jeunes tournent le dos à la parentalité, mais aux pressions sociales et économiques qui les empêchent d'avoir les enfants qu'ils souhaitent». Les contraintes financières arrivent en tête des explications (39% des cas), suivies par l'incertitude sur l'avenir (19%) et la précarité de l'emploi (21%). Une génération émergente redéfinit ses priorités, privilégiant l'épanouissement personnel et la stabilité professionnelle avant de fonder une famille. Les mentalités évoluent, mais les structures économiques peinent à suivre. La majorité des couples opte désormais pour trois enfants, mais les moyens de réaliser ce projet se raréfient. Cette transition démographique pourrait avoir des implications profondes sur l'avenir social et économique du pays. Les autorités suivent ces tendances de près, conscientes qu'elles nécessiteront des ajustements politiques pour accompagner cette mutation silencieuse mais déterminante de la société algérienne.