Sous le ciel plombé de Rio de Janeiro, les BRICS ont ouvert dimanche un sommet marqué par les tensions commerciales et géopolitiques. Dans leur déclaration conjointe, les dirigeants de ce bloc élargi à 11 pays ont exprimé leurs «sérieuses préoccupations» face aux mesures douanières «unilatérales» qui faussent le commerce mondial — sans jamais citer directement les États-Unis ou Donald Trump, architecte de cette guerre économique, relaye l’AFP. À huis clos et sous haute sécurité, le président brésilien Lula da Silva a dressé un sombre constat : «Nous assistons à un effondrement sans précédent du multilatéralisme». Vladimir Poutine, intervenant en visioconférence, a pour sa part salué le rôle grandissant des BRICS qu’il voit désormais comme «un des centres clés de la gouvernance mondiale», estimant que «le système unipolaire appartient désormais au passé». En toile de fond de ce sommet : la dédollarisation. Les BRICS poursuivent activement leur stratégie de réduction de la dépendance au billet vert. Depuis le retour de Trump à la Maison-Blanche et la pression des sanctions économiques, les échanges en monnaies locales et les projets de monnaies communes progressent, comme le souligne «Business Bourse». Cette dynamique accompagne la fragilisation du dollar, qui connaît un recul face aux devises émergentes, exacerbé par les anticipations de baisse des taux de la Fed et les tensions budgétaires américaines. Selon l’économiste Yves Longchamp, cette transition vers un monde monétaire multipolaire pourrait voir coexister plusieurs devises de réserve régionales, où le yuan et l’euro concurrenceraient le dollar. Cette recomposition favoriserait aussi des actifs «neutres» comme l’or ou le bitcoin, en quête de sécurité hors influence politique. Mais cette ambition commune reste entravée par les divisions internes. Le sommet de Rio illustre cette difficulté, entre l’absence du président chinois Xi Jinping et les tensions sur le dossier iranien. Téhéran a pesé de tout son poids pour durcir la condamnation des frappes militaires menées contre lui, là encore sans citer Israël ni les États-Unis. Alors que le Brésil s’apprête à accueillir la COP30 en novembre, les BRICS comptent aussi acter des textes sur le climat, l’intelligence artificielle et la santé. Un équilibre fragile, entre ambitions multipolaires et réalités diplomatiques.