Vers un pétrole à 100$ ?

Lundi, les marchés pétroliers ont connu un soubresaut spectaculaire, témoignant de l’hypersensibilité des prix à la moindre secousse géopolitique. Selon Reuters, les contrats sur le Brent ont atteint 81,40 $ et ceux du WTI 78,40 $, leur plus haut niveau depuis janvier, avant de retomber rapidement. À 09h04 GMT, le Brent s’échangeait à 77,09 $ le baril, et le WTI à 73,87 $. Cette flambée, suivie d’une accalmie, illustre un climat de tension incertaine. La cause ? L’intervention militaire conjointe des États-Unis et d’Israël contre les installations nucléaires iraniennes. Un geste lourd de conséquences, d’autant plus que l’Iran, troisième producteur de l’OPEP, a promis de riposter. Le président Donald Trump, dans une déclaration reprise par Reuters, a revendiqué avoir «oblitéré» les principaux sites nucléaires iraniens. Le régime iranien, qualifiant l’intervention américaine de provocation, a réaffirmé que le détroit d’Ormuz devenait désormais une cible stratégique. Ce détroit, artère vitale où transite près de 20 % du pétrole mondial, est devenu le centre des préoccupations. Pour Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank cité par Reuters, la seule menace d’un blocage peut suffire à faire grimper les prix. Goldman Sachs, dans un rapport du 22 juin, anticipe un pic potentiel à 110 $ si les flux via Ormuz étaient réduits de moitié pendant un mois. Pourtant, une pénurie de pétrole semble peu probable. Philippe Chalmin, expert en matières premières interrogé par franceinfo, souligne qu'environ 30 millions de barils iraniens sont actuellement en stock flottant au large de la Chine et de Singapour. «La régulation se fait par le prix, pas par la pénurie», précise-t-il. L’économie mondiale observe donc avec inquiétude l’évolution de cette crise. Dimanche soir, selon Le Point, les prix avaient bondi de 4 % à l’ouverture, après une hausse de 3 % la semaine précédente consécutive aux premières frappes israéliennes. La prime de risque géopolitique, bien que tempérée par l'absence de perturbation concrète à ce stade, reste élevée. Giovanni Staunovo, analyste chez UBS, rappelle que « les prix devraient donc rester volatils à court terme», relaye Reuters. Entre rhétorique guerrière, tension sur les routes maritimes et jeux d’équilibre diplomatiques, le pétrole redevient un baromètre implacable de l’instabilité mondiale. Les marchés, eux, retiennent leur souffle.


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