Le centre de gravité économique mondial se déplace inexorablement vers le Sud. Et les BRICS entendent bien en prendre la tête. À l’approche de leur Sommet, prévu en juillet à Rio de Janeiro, le bloc formé de puissances émergentes continue de poser les jalons d’un ordre économique alternatif, loin des standards imposés par l’Occident. Dernière initiative en date : Vladimir Poutine et Xi Jinping officialisent le lancement d’une plateforme d’investissement commune dédiée au Sud global. Pensée comme une alternative aux institutions financières internationales traditionnelles -FMI et Banque mondiale en tête-, cette structure visera en priorité les économies d’Asie du Sud, d’Afrique et d’Amérique latine. Présentée officiellement lors du Sommet de Rio, elle pourrait également s’ouvrir à des États non membres partageant cette ambition d’émancipation économique. Au-delà de sa portée financière, cette initiative traduit une volonté assumée de contourner les circuits dominés par le dollar et les marchés occidentaux. Poutine a d’ailleurs évoqué la possibilité d’intégrer des actifs numériques et technologies blockchain à ce dispositif, ouvrant la voie à des transferts de capitaux sécurisés et indépendants. Une hypothèse qui s’inscrit dans les réflexions en cours au sein des BRICS, sur la création d’un actif de règlement commun. Dans le même temps, les chiffres confirment cette montée en puissance. Lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg, le président russe a annoncé que le commerce intra-BRICS avait dépassé les 1.000 milliards de dollars et ne cessait de progresser. Le bloc représenterait désormais 40 % de l’économie mondiale, avec des secteurs stratégiques comme l’énergie, l’aéronautique, l’intelligence artificielle et la robotique en ligne de mire. Le ton était donné dès l’ouverture du forum : une vidéo symbolique montrait le célèbre panneau Hollywood en flammes, image forte d’un déclin américain face à un Sud global en ascension. Un message sans ambiguïté, appuyé par Poutine lui-même qui a insisté sur l’importance de bâtir un monde multipolaire où l’Occident ne dicte plus seul les règles. Le Sommet de Rio s’annonce donc décisif. Il dira si cette ambition des BRICS de structurer un ordre économique autonome peut passer de l’intention politique à une architecture fonctionnelle. Une chose est certaine : le Sud global n’entend plus rester spectateur du jeu économique mondial.