Le marché du gaz vit une période d’instabilité sans précédent, alimentée par des tensions géopolitiques croissantes et des décisions politiques cruciales. En Europe, les prix du gaz ont bondi de 4 % à la suite des frappes israéliennes sur l’Iran, selon Zonebourse.com. Cette flambée s’explique par la crainte d’un blocage du détroit d’Ormuz, par lequel transitent environ 20 % du gaz naturel liquéfié (GNL) mondial. «Ce serait un désastre pour l’Europe», avertit Claude Moniquet, expert en sécurité cité par Euronews, soulignant le risque d’escalade militaire et de perturbations majeures dans les chaînes d’approvisionnement. En parallèle, l’Union européenne peine à rompre sa dépendance au combustible nucléaire russe. La Commission européenne, qui ambitionne de cesser les importations de gaz russe d’ici 2027, a repoussé les propositions sur le nucléaire, invoquant des enjeux de sécurité d’approvisionnement. «Cela viendra aussi, mais dans un premier temps, nous allons nous concentrer sur le gaz», a déclaré Dan Jorgensen, commissaire à l’énergie, selon Reuters. En 2023, la Russie fournissait encore 38 % de l’uranium enrichi de l’UE, un chiffre révélateur de l’impasse dans laquelle se trouvent certains pays de l’Est européen. Au-delà du Vieux Continent, la hausse des prix s’ancre aussi dans une dynamique structurelle mondiale. Aux États-Unis, la U.S. Energy Information Administration prévoit une explosion des prix du gaz naturel pour 2025 et 2026, à 4,02 et 4,88 dollars/MMBtu respectivement, contre 2,19 dollars en 2024 (energynews.pro). Cette inflation est tirée par l’explosion des exportations américaines de GNL, qui atteindraient 16 milliards de pieds cubes par jour en 2026. «La capacité d’exportation dépasse désormais celle de production dans plusieurs régions», précise l’EIA, pointant une pression croissante sur les réserves. Pour l’Europe, la compétition s’annonce rude. Une escalade militaire au Moyen-Orient pourrait détourner le GNL qatari vers l’Asie, obligeant les Européens à surenchérir pour sécuriser leurs cargaisons. Yuriy Onyshkiv, analyste chez LSEG, note que «les tensions actuelles instaurent une nouvelle prime de risque sur le gaz», notamment au hub TTF, dont les prix ont atteint leur plus haut niveau depuis mars dernier. Entre pressions géopolitiques, lenteur politique et concurrence mondiale, l’avenir du gaz s’annonce incertain. Et dans ce contexte, la guerre redevient un facteur clé des marchés énergétiques.