Alors que le Moyen-Orient s’embrase une nouvelle fois, les marchés pétroliers réagissent violemment. Le prix du brut a connu une envolée spectaculaire vendredi 13 juin, alimentée par les frappes israéliennes contre l’Iran et la riposte immédiate de Téhéran. Une dynamique qui fait craindre une perturbation majeure de l’approvisionnement mondial en or noir, et qui alimente une spéculation intense sur les prix futurs du baril. Sur les marchés à terme, les signaux sont sans équivoque. Selon le CME Group, pas moins de 33.411 options d’achat à 80 dollars le baril WTI, pour août 2025, ont été échangées en une seule journée – un record depuis janvier. Pour les analystes, cette frénésie traduit l’anticipation d’une hausse durable des prix. En effet, le WTI a bondi de 7,62 % pour clôturer à 72,98 dollars, après un pic à 77,62 dollars, tandis que le Brent européen atteignait 76 dollars. «Ce que nous observons, c’est la prime de risque géopolitique qui s’invite brutalement sur les marchés», explique Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank. «Un tiers de l’approvisionnement mondial vient du Moyen-Orient, toute instabilité dans la région provoque des tensions immédiates sur les prix». L’inquiétude repose davantage sur ce que le conflit pourrait provoquer à court terme. L’Iran a prévenu que sa riposte «n’aurait pas de limite» tandis qu’Israël a promis de «frapper aussi longtemps que nécessaire». La menace principale, selon les observateurs, reste le détroit d’Ormuz, par lequel transite près de 20 % du pétrole mondial. «Un blocage du détroit serait un cauchemar absolu», alerte Arne Lohmann Rasmussen de Global Risk Management. Une fermeture, même partielle, gèlerait jusqu’à 18 millions de barils par jour et 25 % du gaz naturel liquéfié mondial, estime l’U.S. Energy Information Administration. La perspective d’une telle paralysie fait grimper les prévisions. Selon Michael Haigh, de la Société Générale, «le Brent pourrait facilement dépasser les 100 dollars, voire plus, en cas de fermeture du détroit». Jorge Leon, de Rystad Energy, évoque une hausse potentielle «de 20 dollars par baril ou davantage». Quant à la diplomatie, elle semble au point mort: l’Iran, furieux après la destruction de plusieurs de ses sites militaires et la mort de hauts gradés, remet en question sa participation aux discussions nucléaires. Un effondrement du dialogue pourrait renforcer l'isolement de Téhéran, et avec lui, sa volonté de jouer la carte de la dissuasion pétrolière. En attendant, le marché du pétrole se prépare à l’imprévisible – et les prix à la pompe pourraient bien en faire les frais.