Alors que le monde se prépare à la COP29 à Bakou, le secrétaire général de l’OPEP, Haitham al-Ghais, a livré un message sans ambiguïté depuis le Global Energy Show de Calgary: «Il n’y a pas de pic de la demande mondiale de pétrole en vue», rapporte Reuters. Selon les prévisions de l’OPEP, la demande énergétique globale devrait croître de 24% d’ici 2050, atteignant plus de 120 millions de barils de pétrole par jour. Cette dynamique s'explique par une croissance démographique soutenue et un développement mondial toujours fortement dépendant des hydrocarbures. Pour y faire face, l’organisation estime que 17 400 milliards de dollars US d’investissements seront nécessaires dans le secteur énergétique au cours des 25 prochaines années. Face à cet horizon, Haitham al-Ghais s’alarme d’un manque d’investissements suffisants dans le pétrole et le gaz, qu’il considère comme une menace pour la sécurité énergétique mondiale. Le secrétaire général avertit: «L’insuffisance des investissements compromet la stabilité du marché, provoque de la volatilité et nuit autant aux producteurs qu’aux consommateurs». Sur la scène internationale, ce discours vient s’opposer frontalement aux ambitions de carboneutralité portées par de nombreux États. Haitham al-Ghais qualifie ces objectifs de «non réalistes», trop «obsédés par les délais» et «déconnectés des réalités». Il ne rejette pas la nécessité de réduire les émissions, mais plaide pour une approche plus pragmatique, misant sur des technologies comme la capture et le stockage du carbone (CSC) pour limiter l’empreinte climatique des énergies fossiles, plutôt que sur leur suppression pure et simple. L’OPEP, rappelle-t-il, reste signataire de l’accord de Paris et reconnaît la place des renouvelables. Mais selon lui, l’avenir énergétique reste fondamentalement mixte. Enfin, al-Ghais a salué la performance du Canada, et plus particulièrement de l’Alberta, dont la production record en 2024, stimulée par l’extension de l’oléoduc Trans Mountain, fait du pays un «acteur mondial» incontournable dans l’approvisionnement pétrolier. Cette vision, en porte-à-faux avec les scénarios de décarbonation rapides, alimente le débat entre croissance énergétique et transition écologique, à quelques mois d’une COP29 qui s’annonce plus que jamais sous tension.