Dans un contexte marqué par le changement climatique et la raréfaction des ressources, l’Algérie engage un tournant stratégique majeur pour sécuriser son approvisionnement en eau. Lors d’une séance plénière à l’Assemblée populaire nationale, le 22 mai 2025, le ministre des Ressources en eau, Taha Derbal, a détaillé un ambitieux programme de mobilisation des ressources hydriques. L’Agence nationale des barrages et transferts «ANBT» mène actuellement des études de terrain dans plusieurs wilayas, à la recherche de sites propices à la construction de nouveaux barrages. Ces projets, souligne le ministre, ne seront lancés qu’après validation d’études techniques approfondies, garantissant ainsi une planification rationnelle et durable. Les efforts de l’État se concentrent notamment sur les zones en tension hydrique. À Bordj Bou Arreridj, par exemple, la fluctuation de l’alimentation en eau a motivé des investissements conséquents dont le raccordement de 14 communes à la station de dessalement de Béjaïa. Ces localités seront également connectées au système de pompage vers le barrage d’Aïn Zada. À Tébessa, un plan de transfert depuis des wilayas voisines a été adopté, tandis qu’à Annaba, le schéma directeur de l’eau potable est en cours de révision. Le ministre a aussi mentionné l’accélération des travaux sur la station de filtration de Draâ Errich grâce à une réévaluation budgétaire. En parallèle à ces initiatives, l’Algérie s’illustre comme un leader africain en matière de dessalement de l’eau de mer. Invité de l’émission matinale de la Radio chaîne 3, le directeur du développement à l’AEC a annoncé la réception de cinq nouvelles stations à El Taref, Béjaïa, Boumerdès, Tipaza et Oran, chacune d’une capacité de 300.000 m³/jour. Cela porte à 3,75 millions de m³/jour la capacité nationale, positionnant le pays au premier rang en Afrique et au deuxième dans le monde arabe et méditerranéen. Le mix hydrique passe ainsi de 18 % à 42 % d’eau dessalée. Cependant, la distribution reste progressive, conditionnée par la demande de l’Algérienne des Eaux «ADE» et l’état du réseau de distribution. Entre barrages, transferts et dessalement, l’Algérie construit ainsi une réponse multifactorielle à la crise de l’eau, dans un effort stratégique à long terme pour préserver cette ressource vitale.