Clôturées ce dimanche au Centre international des conférences, les Assises nationales de prévention et de lutte contre le cancer ont marqué un tournant stratégique majeur dans la politique de santé publique algérienne. Organisées sous le haut patronage du président Tebboune, ces assises ont réuni plus de 625 participants issus de divers secteurs, témoignant d’une volonté claire de bâtir une approche multisectorielle et coordonnée face à un fléau qui touche près de 65 000 Algériens chaque année. À l’issue des travaux des sept ateliers thématiques, les participants ont formulé une série de recommandations fortes en faveur d’une stratégie axée prioritairement sur la prévention. Il s’agit notamment du renforcement des politiques publiques de prévention, du soutien juridique, et d’une meilleure coordination intersectorielle. Le Pr Sid Ahmed Ould Arbi, chef du service d’urologie au CHU Frantz Fanon de Blida, est intervenu ce dimanche dans l’émission « L’invité du jour » sur la Chaîne 3 de la Radio algérienne, à propos des assises nationales. Il a souligné que ces assises visent à «évaluer ce qui a été fait jusque-là […] et se projeter sur l’avenir jusqu’en 2035». Le Pr Adda Bounedjar, président de la Commission nationale de prévention et de lutte contre le cancer «CNPLCC», a rappelé : «La prévention du cancer ne peut être portée uniquement par le secteur de la santé. Elle implique l’Éducation, l’Agriculture, le Commerce, les Finances…», comme relayé par l’APS. L'augmentation des taxes sur les produits nocifs à la santé, comme le tabac ou l'alcool, a été proposée afin de financer le Fonds national de lutte contre le cancer. Autre levier essentiel : le dépistage précoce, particulièrement pour les cancers du sein, colorectal, de la prostate et du col de l’utérus. «Il faut en faire une politique publique à part entière», a plaidé le Pr Bounedjar, insistant sur son rôle dans la réduction de la mortalité. La création d’un réseau informatisé d’imagerie médicale et d’une direction des laboratoires a également été suggérée pour combler les lacunes en matière de diagnostic. Les ateliers ont également mis en avant la nécessité de diversifier les sources de financement, d’améliorer l’accès aux traitements innovants et de renforcer la participation aux essais cliniques. Selon le Pr Bounedjar, capter ne serait-ce que 1 % du marché mondial des essais permettrait à l’Algérie de générer 500 millions de dollars, traiter 10 000 patients par an et créer 4 000 emplois. Enfin, une évaluation critique du plan 2015-2019 a mis en lumière des lacunes majeures : seulement 50 % des mesures prévues ont été appliquées, en raison de lourdeurs administratives et d’une coordination insuffisante. Une commission restreinte rédigera dans les prochaines semaines une feuille de route consolidée, qui sera soumise au président de la République, marquant une nouvelle ère dans la lutte contre le cancer en Algérie.