Famine et guerre au Soudan

Selon les Nations Unies, le Soudan vit aujourd’hui l’une des pires tragédies humanitaires de notre époque. Depuis avril 2023, une guerre opposant l’armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhan et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Dagalo, a précipité le pays dans une spirale de violence et de misère. Ce conflit interne a provoqué l’effondrement des structures civiles et sanitaires, et contribué à une crise alimentaire dramatique. Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique, Martha Pobee, a dressé un tableau alarmant de la situation, dénonçant des lignes de front mouvantes, des frappes aériennes indiscriminées et des violences massives à l’encontre des civils. La ville d’El-Obeid, au cœur du Kordofan, est devenue l’épicentre des combats. La guerre a causé la mort de plus de 20 000 personnes et déplacé près de 13 millions de Soudanais. La famine progresse à un rythme inquiétant. D’après l’ONU et ses agences, notamment le Programme alimentaire mondial, 24,6 millions de personnes au Soudan, soit près de la moitié de la population, sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë. Les combats ont détruit les terres agricoles, fait flamber les prix des denrées et limité l’accès humanitaire. Dans certaines régions, les habitants se nourrissent de feuilles, de plantes sauvages ou de coquilles d’arachides destinées au bétail. Les camps de déplacés, notamment à El Fasher et Zamzam, sont devenus inaccessibles aux secours et confrontés à des attaques régulières. Le Conseil de sécurité de l’ONU a rappelé l’existence de sanctions et d’un embargo sur les armes instaurés depuis 2005. Toutefois, selon le Comité 1591, les violations persistent et les armes continuent d’alimenter le conflit. Le groupe A3+ (Algérie, Somalie, Sierra Leone, Guyana) a exprimé sa vive inquiétude face à l’aggravation de la situation humanitaire et exigé la protection des civils et le respect du droit humanitaire international. Malgré tout, l’ONU note la résilience remarquable du peuple soudanais. Médecins bénévoles, réseaux de solidarité et populations déplacées continuent de rêver d’un retour à la paix et à la stabilité. Mais, souligne l’Organisation, sans cessez-le-feu durable et accès humanitaire sécurisé, la famine risque de devenir incontrôlable.


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