Les droits de douane massifs imposés par Donald Trump en avril 2025 ont ravivé les tensions commerciales mondiales avec des répercussions directes sur les marchés du gaz naturel. Malgré l’augmentation des exportations de GNL américain vers l’Europe, notamment pour compenser la baisse des livraisons russes attendue d’ici 2027, les prix du gaz restent instables. Depuis mi-mars, les marchés oscillent, et si l’arrivée de nouveaux volumes depuis les États-Unis et le Qatar offre un répit à court terme, les contrats à terme anticipent une tendance durable à la hausse. En cause : les tensions géopolitiques, l’inflation importée via les barrières douanières et la pression sur les coûts industriels. Face à cette incertitude, les entreprises européennes diversifient leurs sources d’approvisionnement et misent sur l’efficacité énergétique et les renouvelables. L’Union européenne, elle, accélère les investissements pour sécuriser les importations critiques et limiter sa dépendance aux fluctuations extérieures. En 2025, le marché européen du gaz naturel est sous tension avec des écarts de prix (spreads) historiquement bas entre les contrats d’été et d’hiver. Sur le Dutch TTF, l’écart est de seulement 1,42 €/MWh, bien en dessous du seuil de rentabilité nécessaire pour encourager le stockage. Cette situation compromet l’atteinte de l’objectif européen de remplissage à 90 % d’ici novembre. Parallèlement, le marché du GNL reste incertain : les spreads entre saisons sont faibles et les retards dans les projets d’infrastructure américains limitent l’offre. Les opérateurs doivent revoir leurs stratégies, optimiser les capacités d’injection et s’adapter aux spécificités de chaque hub. Sans ajustements rapides, des mesures d’urgence pourraient être nécessaires pour assurer la sécurité énergétique de l’Europe. Entre-temps, selon Bloomberg, la Chine a suspendu ses importations de GNL en provenance des États-Unis, rompant avec les espoirs d’un apaisement commercial. Bien que ces importations ne représentaient que 3 % de ses besoins, ce geste illustre une stratégie énergétique à long terme : Pékin privilégie l’autosuffisance et diversifie ses fournisseurs, tout en continuant à exploiter les combustibles fossiles, mais en évitant ceux de ses adversaires. Cette décision intervient alors que le marché mondial du gaz entre dans une phase d’abondance, avec de nouveaux projets au Qatar, au Canada ou en Russie. La Chine se positionne ainsi en acheteuse stratégique dans un marché surapprovisionné, tandis que la politique tarifaire américaine semble affaiblir sa propre influence énergétique. En effet, L’Algérie s’impose comme un pilier clé de la stratégie gazière européenne post-russe. Grâce à ses infrastructures modernes (Skikda, Arzew) et à ses connexions directes via Medgaz et TransMed, le pays offre un avantage logistique décisif face à des concurrents plus éloignés comme le Qatar ou les États-Unis. Cette proximité permet des livraisons flexibles à coûts réduits. Avec des réserves sous-exploitées et une marge immédiate d’augmentation de sa production, l’Algérie peut répondre rapidement à la demande européenne. Ce rôle renforcé pourrait transformer la relation UE-Algérie en un partenariat stratégique élargi.