Soudan, une guerre «oubliée»

Deux ans après le début du conflit entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide, le Soudan traverse une crise humanitaire et de déplacement sans précédent, qualifiée par l’ONU de pire au monde. Près de 13 millions de personnes ont fui les combats, soit plus d’un quart de la population, et 30 millions de personnes se retrouvent dans une situation d’urgence humanitaire, soit plus de la moitié de la population totale. La guerre, qui touche presque tout le pays, a entraîné l’effondrement des services essentiels, une insécurité alimentaire aiguë pour la moitié de la population et une famine dans certaines régions. Face à cette situation dramatique, l’ONU appelle à une fin urgente du conflit pour protéger les civils. De retour d’une visite récente à la frontière entre la région du Darfour, à l’ouest du Soudan, et le Tchad, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, n’a pas caché son inquiétude. « Le Soudan saigne. Son peuple souffre depuis trop longtemps. Deux années de guerre ont créé ce qui est désormais la pire crise humanitaire et de déplacement au monde, aggravée par des réductions extrêmes de l’aide internationale». La communauté humanitaire fait face à de graves obstacles logistiques, sécuritaires et financiers au Soudan. Les restrictions administratives, les attaques contre les convois et un sous-financement massif — en particulier après le retrait de fonds des États-Unis — compromettent gravement l’acheminement de l’aide. En 2025, moins de 5 % des besoins humanitaires sont actuellement financés, indique l’ONU. Les enfants et les femmes sont les plus durement touchés : plus de 15 millions d’enfants ont besoin d’aide, soit le double par rapport au début 2023. La majorité sont déscolarisés, et plus de 460 000 risquent une malnutrition aiguë sévère, aggravée par les pluies et les inondations. « Deux années de violence et de déplacements ont brisé la vie de millions d’enfants à travers le Soudan. Les besoins dépassent constamment le financement humanitaire. Le Soudan est aujourd’hui la plus grande crise humanitaire au monde, mais elle ne retient pas l’attention du monde », a déploré mardi Catherine Russell, la directrice exécutive de l’UNICEF, dans un communiqué de presse. Le conflit au Soudan s’accompagne d’une explosion des violences sexuelles, dénoncée par l’UNFPA, qui souligne le manque criant d’accès aux soins pour les femmes, en particulier les 91 000 accouchements attendus dans les trois prochains mois. Malgré des initiatives comme l’installation de panneaux solaires pour faire fonctionner des hôpitaux, les conditions restent extrêmement précaires. Parallèlement, la communauté internationale est critiquée pour son indifférence. Les dirigeants de l’ONU, dont António Guterres et Filippo Grandi, appellent à une mobilisation politique urgente et rappellent que la paix est la seule véritable solution. L’OMS insiste sur la protection des civils et du personnel médical. Toutefois, les négociations de paix restent au point mort, et la menace d’un effondrement total de l’État soudanais plane toujours. L’Union africaine a demandé la fin des ingérences étrangères et rejeté toute partition du Soudan. Le gouvernement soudanais, non convié à la conférence, a critiqué le Royaume-Uni pour avoir mis sur un pied d’égalité l’État officiel et les FSR, qualifiées de milice terroriste.


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