Quand elle passe à l'entreprise de son père, c'est toujours pour des opérations de contrôle. Elle n'aime personne parmi le personnel et ne fait confiance à personne. Elle, c'est le bras droit du patron et elle a carte blanche. De l'agent de sécurité au gérant, tout le monde passe au contrôle. Elle ne vient pas tous les jours, sauf lorsque son père est en déplacement. Quand elle est là, on ne bouge pas, on ne parle pas, on ne se gratte pas. Chacun à son poste et fait ses huit heures pleines. Avec elle, on ne rigole pas. Très sévère, presque impitoyable, elle ne pardonne rien et n'oublie rien. Le moindre mot, la moindre petite bévue et c'est la journée de travail qui saute. Le personnel de l'entreprise ne l'aime pas et elle le sait mais ne s'en soucie guère. Elle est le genre de femme qui pense avoir tous les droits et toujours raison. C'est pourquoi, il est impossible de discuter avec elle ou de tenter de lui expliquer. De toute façon, elle n'écoute personne. Seulement voilà, en sa présence, l'entreprise tourne comme il se doit, pas le moindre grain de sable, tout marche à merveille. Les employés s'activent, le travail est plus fluide et la chaîne de production est on ne peut plus rentable. Ce n'est qu'à son absence, que tout fonctionne au ralenti. Plus d'absence, plus de retard, moins d'efficacité et moins de discipline. Le père est beaucoup plus tolérant et quelque peu effacé et c'est ce qui plait au personnel. On se relâche, on prend le temps de parler et de discuter, on prend des pauses de café comme on veut… «Quand le chat n'est pas là, la souris danse», comme on dit.
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