A la maison, c'est elle qui commande. C'est elle qui planifie, décide, choisi et donne les ordres. Avec elle, on ne conteste pas et on obéît. Un point, c'est tout. Elle ne supporte aucune objection, ni des enfants, ni du mari. C'est elle qui «porte le pantalon», comme on dit. Personne n'a le droit de prendre des initiatives, il faut d'abord demander la permission à la patronne de maison. Elle ne rit jamais et elle n'a aucun sens de l'humour. Elle gère son foyer comme on gère une caserne. Toujours aux aguets, à surveiller, à contrôler et à sévir. On mange à l'heure et on dort à l'heure, jamais de laisser-aller ou d'exception. Les règles sont les règles. C'est comme ça et pas autrement. Déjà dans le quartier, elle est surnommée le gendarme tant elle est inflexible et peu causante. Les voisins n'osent même pas lui adresser la parole et personne ne s'aventure à frapper à sa porte. Une fois la famille réunie le soir, elle ferme à double tour et récupère tous les téléphones portables. On dîne, on se lave les dents et on éteint la lumière. C'est le silence totale. A croire que cette maison est déserte. Pas un mot, pas un souffle. Elle seule est encore à tendre l'oreille pour savoir si ses enfants dorment ou non. Et gare à celui qui est encore éveillé. Ce calvaire est quotidien, personne n'apprécie mais personne ne peut rouspéter.
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