Il y a des jours où il n'est vraiment pas utile de se lever, encore moins de prendre le tramway. Hier, à 08 heures du matin, deux femmes d'un certain âge n'ont pas cessé de parler durant tout le trajet. Et à voix haute en plus. De la rue Mohamed Boudiaf (ex-Mostaganem) à l'ENSEP, ça papotait grave. Elles parlaient de tout et de rien, parfois sur des sujets carrément insignifiants. Elles étaient vraiment en formes ces deux bonnes femmes. ça se voyaient qu'elles avaient bien dormi. Les autres passagers étaient outrés par cette montée de décibels alors que certains n'avaient peut-être même pas pris leur café. Alors tenez-vous bien, elles ont abordé Ghaza et le Hamas, le Liban, feu Nassrallah, la blessure du joueur du Real Madrid, Dani Carvajal, en passant par les récurrentes coupures d'eau à Oran, le prix de la Sardine, la viande importée du Brésil, le prix du poulet, les prix des coupon de tissus dans les boutiques d'Ed-Derb en passant par le mariage de la fille de l'une de leur copine, l'entretien du président de la République passé à la télé, la hausse de l'euro sur le marché noir, les harragas du tramway… Elles n'ont rien raté avec des analyses très farfelues et naïves. Mais elles n'ont pas arrêté une seconde. A un moment les passagers commençaient à râler et à leur demander de la mettre en veilleuse. C'est ce qui ne fallait pas faire, vraiment. Parce qu'elles ont immédiatement riposté criant encore plus et estimant qu'elles sont libres et qu'elles peuvent parler comme bon leur semble. Et bonjour, les prises de bec de bon matin. Arrivant au bout de leur voyage, les deux femmes descendirent non sans lancer quelques mots pas tendres du tout. Un ouf de soulagement général retenti dans la rame, suivi de quelques commentaires sur ces soit disant femmes qui manque de pudeur et qui n'ont pas froid aux yeux.
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