Algérie- France, ce qu’ont décidé les deux présidents algérien et français ? Le MAE français, Jean Noël Barrot, a été à Alger pour débloquer la crise après plus de huit mois de vives tensions et de déclarations «polémique uses» suscitées par son ministre de l’intérieur Bruno Retailleau. Le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères de la République française, M. Jean-Noël Barrot, a, dès son arrivée en Algérie, plaidé pour l’«apaisement». Il est clair que la France est en train, depuis peu, de réactiver les « mécanismes » afin de relancer sa coopération avec l’Algérie après des mois de tumultes assourdissants et de tapages médiatiques sans fin, provoqués par l’extrême droite et une partie de la droite avec en prime les sorties de son ministre de l’intérieur. Représentant officiel de l’Etat français et de son président élu Macron, Jean Noël Barrot, en visite à Alger depuis dimanche, a, pour lourde mission de «reconstruire» ce que Brunot a «démoli». Porteur d’un message d’Emmanuelle Macron, Jean Noël Barrot a appelé à un retour à la normale aux partenariats entre les deux pays.
Il a exprimé, dimanche à Alger, la volonté de son pays de reconstruire "un partenariat d'égal à égal, serein et apaisé" avec l'Algérie, dans l'intérêt mutuel des deux pays. "Je suis venu à Alger pour porter un message du président de la République : la France souhaite tourner la page des tensions actuelles pour reconstruire un partenariat d'égal à égal, serein et apaisé avec l'Algérie", a déclaré le ministre français à l'issue de l'audience que lui a accordée le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune. Le MAE français a fait part de la volonté de son pays à «lever le rideau» pour reprendre l’expression du président algérien et à privilégier un partenariat d’«égal à égal» avec l’Algérie. Il a eu des conversations de plus de deux heures avec le président de la république Abdelmadjid Tebboune. Par cette visite qui ne sera pas forcément la dernière, les deux pays espèrent recadrer leur vision et aplanir leurs divergences. M. Barrot s’est dit réjouit d’être accueilli en Algérie et honoré par l’invitation du président algérien. Ce qui prouve une nouvelle fois que l’Algérie n’a jamais fermé les portes du dialogue à condition que la France daigne éclaircir ses positions officielles à l’égard de l’Algérie. "Je me réjouis d'être aujourd'hui en Algérie. Je remercie de son invitation le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, avec qui je me suis entretenu longuement en présence de mon collègue (le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines), Ahmed Attaf, avec lequel j'ai également eu une réunion de travail très utile ce matin", a-t-il dit. "J'ai tenu à honorer cette invitation dans les plus brefs délais, moins d'une semaine après l'appel téléphonique entre les Présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune", a-t-il mentionné. "Nous avons vécu ces derniers mois une période de tensions inédite qui ne sert ni les intérêts des Algériens ni ceux des Français. Nous avons certes des divergences, nous ne pouvons les occulter, mais les liens humains, historiques et culturels qui nous unissent, je pense en particulier aux nombreuses familles franco-algériennes dont la vie se partage de part et d'autre de la Méditerranée, doivent nous conduire à reprendre le dialogue et à réinstaurer la coopération entre nos deux pays", a-t-il relevé, affirmant que "nos relations institutionnelles doivent être à la hauteur des relations humaines entre nos deux pays".
Il a indiqué que la France "souhaite retrouver les voies de la coopération avec l'Algérie dans notre intérêt mutuel, toutes les voies de la coopération, dans un souci d'efficacité et de résultats pour nos compatriotes". Avec le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune et le ministre M. Ahmed Attaf, "nous avons mis sur la table, avec franchise, l'ensemble des sujets qui nous ont préoccupés ces derniers mois afin de décliner les principes posés par les deux Présidents lors de leur entretien du 31 mars et de retrouver la dynamique et l'ambition fixées par les deux chefs d'Etat dans la déclaration d'Alger de 2022", a-t-il ajouté. Barrot a annoncé que « Nous avons décidé de le faire avec sérieux, discrétion et efficacité, en réactivant dès aujourd'hui l'ensemble des mécanismes de coopération dans tous les secteurs. « Nous revenons à la normale et pour reprendre les mots du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, le rideau se lève" a-t-il souligné. "Le rideau se lève d'abord dans notre coopération sur le plan de la sécurité. Les contacts entre les services de renseignement reprennent. Une réunion des plus hauts responsables de la sécurité de nos deux pays est désormais actée. Et de même nous aurons un dialogue stratégique sur le Sahel", a-t-il ajouté. Il a par ailleurs indiqué avoir confirmé au président de la République "la visite prochaine" du Garde des Sceaux, laquelle "s'accompagnera de la reprise du dialogue judiciaire entre nos deux pays". "Nous avons beaucoup d'enjeux de coopération, notamment sur les conditions d'exécution rogatoire sur le dossier sensible des biens mal acquis", a-t-il relevé. "J'ai évoqué, et le Garde des Sceaux aura l'occasion de le préciser, l'invitation par les services en charge du Parquet national financier à leurs homologues algériens de juridiction compétente à se rendre à Paris pour étudier tous les dossiers", a-t-il précisé. Barrot a fait savoir que "dans le champ des mobilités, les deux Présidents ont convenu de la reprise, sans délai, de la coopération migratoire, ce qui m'a été confirmé par le Président Abdelmadjid Tebboune", expliquant que les questions des "réadmissions et visas seront traitées dans le cadre des dialogues via les procédures normales et fluides de la coopération consulaire". Le Président Abdelmadjid Tebboune a indiqué qu'il était "favorable à une rencontre prochaine entre les consuls algériens en France et les Préfets. Nous allons maintenant l'organiser en lien avec le ministère algérien des Affaires étrangères", a-t-il soutenu. "Nous sommes également convenus de travailler aux contenus des accords qui régissent nos relations sur le plan des mobilités, sur le plan migratoire et d'identifier les enrichissements nécessaires pour les rendre plus efficaces", a-t-il poursuivi. S'agissant du domaine économique, "nous avons eu l'occasion de rappeler les difficultés apparues ces derniers mois s'agissant du développement de nos échanges, en particulier dans le secteur agro-alimentaire, automobile et du transport maritime et à faire avancer des projets industriels structurants", a précisé M. Barrot. Le Président Abdelmadjid Tebboune "m'a assuré de sa volonté de donner (aux échanges) une nouvelle impulsion. Le président du MEDEF recevra son homologue du CREA le 19 mai prochain et nous avons acté la tenue, avant l'été prochain, d'une réunion du Comité mixte économique algéro-français qui permettra d'aborder tous ces sujets", a-t-il relevé.
Le ministre français des Affaires étrangères à Alger. Algérie-France : Retour à la normale?
- par B. Habib
- Le 07 Avril 2025
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