Maladie rénale chronique, ça coûte trop cher…

La maladie rénale chronique, souvent silencieuse et évolutive, se caractérise par une perte progressive et irréversible de la fonction rénale, empêchant les reins de filtrer correctement le sang. Le dépistage précoce constitue le moyen le plus efficace pour prévenir ou freiner son évolution. En Algérie, entre 2 et 3 millions d’adultes présentent un risque de développer cette pathologie, selon la professeure Hind Arzour, néphrologue au CHU Mustapha Pacha qui a indiqué en 2024. En Algérie, environ 35.000 individus sont atteints d’insuffisance rénale chronique, une pathologie dont le coût de prise en charge s’élève à près de 800 millions d’euros. D’après le professeur Farid Haddoum, responsable du service de néphrologie au CHU Mustapha Pacha, il devient impératif pour le pays de repenser sa stratégie sanitaire en matière de prise en charge des patients, en mettant l’accent sur la prévention, notamment par un dépistage systématique chez les seniors et les personnes à risque, afin de limiter les dépenses. Invité ce dimanche dans l’émission «L’invité du jour» sur la Chaîne 3 de la Radio nationale, le Pr Haddoum a souligné que la connaissance de cette affection s’est nettement améliorée. Il s’est également félicité de l’évolution positive de la néphrologie en Algérie, affirmant qu’il n’existe plus de zones mal desservies, puisque chaque wilaya dispose désormais au minimum d’un centre de dialyse et d’un service de consultation spécialisé. Le Pr Haddoum plaide pour un dépistage annuel, obligatoire et remboursé, des maladies rénales chez les populations à risque (diabétiques, hypertendus, obèses, personnes âgées). Il estime qu’un diagnostic précoce éviterait le recours coûteux à l’hémodialyse, permettant ainsi à l’État de faire d’importantes économies, sachant qu’un patient dialysé coûte environ 2 millions de dinars par an. «L’hémodialyse chronique en centre est un gouffre financier pour notre pays. Nous devons lutter pour baisser le nombre de malades et bien évidemment la facture de la prise en charge. L’Etat débourse la bagatelle de 800 millions d’euros pour uniquement 35.000 hémodialysés, soit le même coût pour 3 millions de diabétiques», a-t-il fait remarquer. Le Pr Haddoum estime que la maladie rénale chronique qui touche 4 millions de personnes dans le monde, pourrait disparaître d’ici 20 ans grâce aux progrès médicaux et à l’apparition de traitements efficaces et abordables, contrairement à l’hémodialyse. En Algérie, il appelle à une transformation profonde du système, en passant d’un modèle centré sur l’hémodialyse à une approche axée sur la néphrologie préventive. Cela implique de renforcer la formation des généralistes et du personnel paramédical, d’augmenter le nombre de néphrologues, de consultations spécialisées et de rendre accessible un bilan annuel de dépistage, remboursé, estimé à seulement 500 DA.


ads