Huit pays membres de l'OPEP+ ont décidé, jeudi, d’accélérer leur plan d’augmentation de la production pétrolière, ajoutant 411.000 barils par jour à partir de mai, contre 135.000 initialement prévus. Cette annonce inattendue a entraîné une chute brutale des prix du pétrole, amplifiée par l’inquiétude des marchés face aux nouvelles taxes américaines sur les importations. L’OPEP+ a justifié cette décision en évoquant « des fondamentaux de marché toujours solides et des perspectives de marché positives », tout en précisant que ces hausses progressives pourraient être suspendues ou inversées en fonction de l’évolution des conditions du marché. Les prix du Brent ont chuté de plus de 6 %, tombant à environ 70 dollars le baril, tandis que le WTI est passé sous les 67 dollars, affecté par les incertitudes économiques liées aux mesures protectionnistes des États-Unis. Par ailleurs, l’OPEP+ a réaffirmé son engagement à compenser toute surproduction depuis janvier 2024, en réponse aux écarts observés, notamment au Kazakhstan qui a régulièrement dépassé ses quotas. Des mesures correctives ont été demandées aux pays concernés afin de préserver la stabilité du marché. L’impact des droits de douane américains, bien que n’affectant pas directement le pétrole, suscite des craintes quant à un ralentissement économique global, ce qui pourrait peser davantage sur la demande d’or noir. Si les produits énergétiques sont exemptés de taxes, «ces derniers restent généralement sensibles aux ralentissements économiques », affirme Arne Lohmann Rasmussen de Global Risk Management, relaye les médias spécialisés dans le secteur enrgitique. Or, «les annonces tarifaires ont été bien pires que prévu », estime l'analyste, ce qui plombe les marchés et «fait baisser les prix du pétrole». «Nous savons que ce sera négatif pour le commerce, la croissance économique et donc la croissance de la demande de pétrole. Mais nous ne savons pas à quel point ce sera grave, car les effets se feront sentir un peu plus tard », a déclaré à Reuters Bjarne Schieldrop, analyste en chef du secteur des matières premières chez SEB. La Maison-Blanche lance une offensive protectionniste sans précédent depuis les années 1930, imposant un droit de douane plancher de 10 % sur toutes les importations et des surtaxes renforcées pour certains pays. La Chine, premier importateur de pétrole, est particulièrement visée avec une nouvelle taxe de 34 %, s’ajoutant aux 20 % existants. Les analystes redoutent des représailles qui pourraient aggraver la morosité du marché pétrolier.