Sous la présidence d'Abdelmadjid Tebboune, le Conseil des ministres a validé l’importation d’un million de têtes de bétail, une opération exonérée de taxes pour en assurer l’accessibilité aux citoyens. Trois pays conformes aux normes sanitaires algériennes ont été sélectionnés pour cette importation. Ali Daoudi, professeur à l’Institut national d’agronomie, estime que cette mesure contribuera à stabiliser les prix et à soulager la demande sur les femelles, essentielles à la reproduction. Toutefois, son impact sur la filière ovine restera limité, car ces moutons sont destinés à l’abattage. Invité sur la chaîne 3 de la Radio algérienne, il souligne que les éleveurs, confrontés à un manque de fourrage, réduisent leur cheptel en sacrifiant des brebis, ce qui fragilise la production ovine. L’élevage pastoral, majoritaire en Algérie, dépend de pâturages steppiques aujourd’hui menacés par la sécheresse et la raréfaction des ressources alimentaires. Il ajoute que le prix du mouton reste segmenté entre le tarif administré et le prix libre du marché. «Si le prix du mouton importé est faible, il y aura un effet rebond sur la demande», explique-t-il, attirant ainsi des ménages qui ne sacrifient pas habituellement, ce qui pourrait modérer les prix du cheptel local. Sofiane Bahbou, président de la Fédération des importateurs de viande rouge, indique à «Mghreb Emergent» que les pays concernés pourraient être l’Espagne, l’Italie, la Roumanie ou l’Uruguay. «Le Conseil des ministres a validé l’offre de trois pays sans les nommer, mais ces derniers disposent d’accords sanitaires avec l’Algérie et ont déjà approvisionné le marché en viande rouge, notamment durant le ramadhan», précise-t-il. Sur la faisabilité logistique, il se veut rassurant: «Pour les trois pays européens, nous disposons de suffisamment de temps pour livrer les moutons avant l’Aïd». Pour l’Uruguay, les délais seront plus serrés, mais restent réalisables. Il rappelle que sa Fédération plaide pour l’ouverture des importations ovines afin de renouveler le cheptel et d’accroître la production nationale, alors que le nombre de moutons en Algérie est passé de 40 millions dans les années 1980 à environ 17 millions aujourd’hui. Les importations ont été privilégiées cette année, car «les éleveurs locaux ne peuvent répondre aux besoins du marché». D’après des sites spécialisés, le prix moyen d’un mouton de 50 kg en Espagne varie entre 280 et 300 euros, ce qui porterait son coût en Algérie à environ 50.000 dinars, hors frais de transport.