Les prix du gaz naturel continuent d’évoluer au gré des perspectives de cessez-le-feu en Ukraine. Même si le marché s’est transformé après le début de la guerre, il reste partiellement dépendant de la Russie, indique Agefi. Il est peu probable que les États-Unis et l’Union européenne lèvent les sanctions visant l’industrie russe du gaz naturel liquéfié (GNL) mais ils ne devraient pas non plus chercher à les renforcer, estiment des analystes du cabinet de conseil Icis. Trois ans après une crise énergétique sans précédent, l’Europe peine à retrouver son équilibre. À la sortie de l’hiver, les réserves de gaz sont à un niveau critique, ravivant les craintes de tensions sur l’approvisionnement et de flambée des prix. Cette situation met sous pression une industrie déjà fragilisée par le coût élevé de l’énergie. L’Agence internationale de l’énergie «AIE» alerte sur une année difficile pour les systèmes énergétiques européens, soulignant que le continent aborde le printemps avec des stocks de gaz inférieurs à la moyenne, ce qui accentue la pression sur les marchés. Malgré cela, la Commission européenne précise que les réserves actuelles assurent encore 30 % de la consommation hivernale de l’UE. Au 16 mars, au niveau européen, ils n'étaient plus remplis qu'à 34%, contre 60% en 2024 à la même époque. En France, leur niveau est tombé à 21%. Cet hiver, les Européens ont davantage puisé dans leurs réserves de gaz qu’au cours des deux hivers précédents. En cause : un froid plus marqué, l’arrêt du transit du gaz russe via l’Ukraine fin 2024 et une faible production solaire et éolienne en novembre, qui a entraîné une hausse de 80 % de la demande de gaz pour la production électrique. Face à la remontée des prix et au recul des importations de 6 % en 2024, les opérateurs ont privilégié le soutirage des stocks plutôt que l’achat sur les marchés. L’UE impose un remplissage des stocks de gaz à 90 % avant novembre, renforçant la concurrence pour le GNL, déjà très convoité en Asie. L’été pourrait être marqué par une course aux approvisionnements, accentuant la volatilité des prix. L’industrie européenne, déjà fragilisée, souffre de coûts énergétiques bien plus élevés qu’en Chine et aux États-Unis. L’offre mondiale de GNL devrait croître de 5 % en 2025, mais cela ne suffira pas à compenser totalement l’arrêt du transit du gaz russe via l’Ukraine, maintenant la pression sur le marché. Après être tombés à 34 €/MWh en 2024, les prix du gaz devraient remonter à 45 €/MWh en 2025, avant une possible baisse à 27 €/MWh en 2028 grâce à l’arrivée de nouveaux volumes, notamment des États-Unis et du Qatar. D’ici là, l’Europe devra poursuivre ses efforts de sobriété énergétique, diversifier ses approvisionnements et renforcer la flexibilité de son réseau électrique.