Une délégation de l’UE, conduite par Florian Ermacora, a effectué une visite en Algérie du 27 au 30 janvier 2025 pour discuter de la coopération pour la période 2025-2027. La mission visait à renforcer les relations dans le cadre du « nouveau pacte pour la Méditerranée ». Les échanges avec les autorités algériennes ont porté sur l’investissement, le commerce, les énergies renouvelables, la migration, la culture et l’emploi. La délégation comprenait des représentants de plusieurs Départements européens et a rencontré diverses institutions algériennes dont l’Agence de promotion des investissements. En effet, l’accord Algérie-UE est au centre du débat. Le président Tebboune a annoncé le 27 janvier vouloir renégocier l’accord d’association avec l’UE, jugé obsolète et inadapté à l’économie algérienne. L’Algérie qui a développé son industrie, cherche à réduire ses importations européennes et à renforcer ses exportations agroalimentaires. Cette évolution a entraîné une chute des exportations européennes vers l’Algérie, passant de 22 milliards d’euros en 2015 à 15 milliards en 2023, ce qui inquiète Bruxelles. En réponse, l’UE a lancé en juin une procédure de «règlement de différends», exacerbant les tensions économiques et politiques entre les deux parties. Tebboune a affirmé, lors de la réunion du Conseil des ministres qu'il a présidée ce dimanche dernier que la révision de l'accord d'association entre l'Algérie et l'UE «s'impose au regard de la réalité économique actuelle », sachant que depuis son entrée en vigueur, en 2005, «les exportations de l'Algérie étaient basées principalement sur les hydrocarbures, alors qu'aujourd'hui, nos exportations hors hydrocarbures se sont diversifiées et étendues à d'autres domaines, notamment la production agricole, les minerais, le ciment et les produits alimentaires ». Tebboune insiste sur la nécessité de réviser l’accord d’association avec l’UE pour établir un partenariat équilibré et mutuellement bénéfique. L’Algérie souhaite notamment obtenir une augmentation des quotas pour ses produits hors hydrocarbures dont l’accès au marché européen reste limité par des normes ou des restrictions. Selon l’économiste Mahfoud Kaoubi, cet accord, appliqué depuis près de 20 ans, a privilégié le commerce au détriment de l’investissement et du développement économique de l’Algérie. Il préconise une évaluation approfondie pour comprendre les raisons de cet échec et envisager des ajustements adaptés. La révision de cet accord sera profitable aux deux parties, a-t-il dit, expliquant que l'UE a besoin d'un partenaire fiable et l'Algérie offre une porte d'entrée stratégique vers le marché africain. Aujourd’hui, l’UE a plus besoin de l’Algérie que l’Algérie a besoin de l’UE d’autant que la Russie est un «bon» fournisseur de blé et le marché asiatique est plus attrayant, sans parler des opportunités qu’offre le BRICS.