Charles de Gaulle autorise l’armée à ouvrir le feu sur les manifestants, tuant au moins 260 personnes.
Mathieu Rigouste…
Le 11 décembre, à vrai dire, a commencé le 09 du même mois, à Ain Témouchent, avant de prendre toute son ampleur à Alger deux jours après. Avant cet épisode, la propagande française rassemblait parfois quelques algériens pro-français, afin de dire au monde entier, notamment les nations unies, que le peuple algérien est toujours fidèle à la France. Donc, ces unités combattantes de moudjahidine ne sont, en fait, que quelques bandes armées de hors la loi, rebelles, sans aucune assise populaire. Décembre 1960, le FLN a ordonné à la population dans plusieurs villes d’Algérie de sortir dans la rue et clamer son soutien indéfectible au FLN et à l’ALN et ainsi fournir des preuves tangibles aux amis avant les ennemis que la révolution algérienne est un fait patriotique national, impliquant tous les algériens soifs de liberté et de dignité. Grâce à ce message, le 11 décembre est devenu un épisode cardinal dans le parcours révolutionnaire. A Alger, le bilan des morts et des blessés est lourd : 260 morts selon les sources françaises. Juste après, le message est arrivé à destination. Quelques mois après, l’on a entamé des contacts avec le FLN et le GPRA en vue de possibles pourparlers à Evian, fin mai 1961 et à Lugrun au mois de juillet. Cela montre que l’intransigeance de la farouche classe politique française, très à cheval sur la question de l’indépendance, commençait déjà à fléchir et à perdre son élan. Le gouvernement français déboursait journellement des milliards de francs en gage d’efforts de guerre. La révolution algérienne allait finir par ruiner la toute puissante république française et frapper de plein fouet «la grandeur de la France !!» Comme aimait répéter De Gaulle. Contrairement, aux débuts de la révolution, il n’y avait plus un brin d’espoir pour mater cette insurrection armée, entourée par un peuple aguerri, décidé plus que jamais à aller aussi loin sur le sentier des plus grands sacrifices pour la liberté et de la dignité. Le monde entier était en train de suivre de près les événements de cette révolution ayant ébahi les peuples de la planète.. Les comportements inhumains et les crimes contre l’humanité commis par les militaires Français à l’égard du peuple algérien faisaient déjà la «une» de tous les médias du monde. L’après décembre 1960, c’est le commencement de l’ère du relâchement progressif dans les attitudes de la France coloniale.