Pas de redressement ou de relance économique, sans exposer le secteur à des vraies «purges staliniennes». Les spéculateurs ont réellement foutu la pagaille. Cette situation, non seulement, avait beaucoup nui à la réputation de l’Etat ainsi qu’à sa crédibilité, face à un peuple ayant horreur d’une situation qui ne fait que perdurer et s’enfoncer dans le mal. Toutefois, nous sommes conscients de la gravité de l’enjeu. Telle une tumeur, le mal s’était propagé dans le corps de l’Etat à un stade inspirant une déception totale. Le monde de la spéculation s’était développé à travers les ans, au point de se constituer en un système parallèle ayant ses propres lois, ses propres règlements et sa propre mentalité. Il est devenu tellement dangereux au point où parfois il s’était substitué à l’Etat lui-même… Il y aurait des situations où des fonctionnaires, dans des postes sensibles, auraient été proposés ou carrément désignés par des barons de l’informel. Afin de faire face à une telle pègre, il aurait fallu bien se préparer. Je l’avais dis et répété, dans ce même endroit, il y a des années, que sans purger quelques institutions républicaines, en liaisons directes avec ce dossier, des éléments nuisibles, des corrompus et des cadres malhonnêtes, jamais l’Etat ne pourra réussir sa croisade contre les gangs de l’informel. L’arme, la plus redoutable des gangs et qui en fait d’ailleurs sa puissance, n’est autre que la corruption face à la faiblesse des bureaucrates et l’envoûtement de l’argent. Il faudrait quelque chose qui nous rappelle la fameuse série télévisée des années 1970, «les incorruptibles» d’Eliot Ness, interprétée sur l’écran de l’époque par Robert Stack. Les réseaux maffieux, criminels de l’Amérique des années 1920 et 30, avaient réussi à acheter tout le monde y compris des sénateurs et des ministres. Il y aurait une grande ressemblance entre les nôtres et les leurs. Simplement, les nôtres ne font pas usage d’armes à feu …ainsi, ils tuent le citoyen silencieusement, à leur manière, sans faire le moindre vacarme. Nous tenons à chaque occasion à rappeler, la nécessité de consolider la suprématie de l’Etat sur tout et sur tous. La lutte contre la corruption devrait marcher concomitamment avec la lutte contre tout ce qui est informel. C’est-à-dire contre tout ce qui n’est pas fait en conformité avec les lois de la République. Un spéculateur est, avant tout, un hors-la-loi. Dans le fond, Il ne diffère de rien d’un Zouabri, que par l’usage des armes et de la violence.