Face au stress hydrique, l'Algérie mise sur le dessalement et le recyclage des eaux usées pour diversifier ses ressources en eau. Un programme spécial, approuvé en février 2024, vise à couvrir 60% des besoins d'irrigation agricole en eau recyclée d'ici 2030, renforçant ainsi la résilience face aux pénuries. «En Algérie, un vaste programme est lancé pour la réutilisation des eaux usées-épurées dans l’objectif de pallier la raréfaction de cette denrée et de répondre à l’impératif de l’irrigation agricole», indique, ce lundi, Salah Lahlah, inspecteur général à l’Office national d’assainissement, sur les ondes de la Chaîne 3. Des expériences seront prochainement lancées au niveau des unités de production dans le secteur de l’agriculture, communément appelées «fermes pilotes», pour les injecter dans le processus de réhabilitation du Barrage vert, déclare Lahlah, inspecteur général à l’Office national d’assainissement. «Seize stations, désormais dotées de systèmes d’épuration tertiaire qui permet une irrigation non restrictive, sont déjà opérationnelles dont six limitrophes du barrage vert», fait savoir le convive de l’émission «L’Invité du jour», de la chaîne 3. Face au dérèglement climatique qui aggrave le déficit pluviométrique et la raréfaction de l'eau, l'Algérie se tourne vers des ressources alternatives non conventionnelles comme le recyclage des eaux usées traitées. Selon le responsable, cette stratégie est devenue essentielle pour combler le manque d’eau dans le pays. Dans le secteur agricole, la réutilisation des eaux usées apparaît comme une solution prometteuse, grâce aux nombreuses stations d'épuration disponibles à travers le territoire national, qui peuvent fournir une source d’irrigation fiable pour soutenir les cultures face aux conditions climatiques difficiles. Lahlah souligne que l’Algérie dispose de 230 stations d’épuration, capables de traiter plus d’un milliard de m³ d’eau par an, un investissement important qui ne doit pas être gaspillé. Il appelle à valoriser cette ressource, en l’intégrant dans l'agriculture. Une convention a donc été signée entre les offices nationaux de l’assainissement et du drainage et l’entreprise de développement des cultures agricoles stratégiques. Ce partenariat réserve un quota d’eaux usées traitées pour irriguer les 170 fermes pilotes cultivant des céréales, légumes secs, plantes oléagineuses, arbres fruitiers et blé. L’objectif de l'Algérie est d’utiliser 60% des eaux usées traitées pour irriguer 66.000 hectares de terres agricoles, tout en destinant une partie aux secteurs industriel et municipal. À terme, le pays ambitionne d’atteindre un million d’hectares de terres irrigables grâce aux eaux épurées. Cependant, sur les 230 stations d’épuration, seules vingt utilisent actuellement un traitement tertiaire, permettant de réutiliser 97 millions de m³, soit environ 20% des 560 millions de m³ disponibles annuellement, bien en dessous de la capacité totale de 1,1 milliard de m³. Ce faible niveau de réutilisation résulte en partie de l'absence initiale de systèmes de traitement tertiaire, car les stations étaient conçues principalement pour la protection de l'environnement et non pour une irrigation intensive.