Le taux d’infertilité chez les couples est de 25 %. Médecins et spécialistes s'inquiètent

L’infertilité est-elle un véritable problème de santé publique en Algérie? Quel est le taux d’infertilité des couples dans le pays? La croissance démographique pourrait être affectée à l’avenir par une augmentation de l’infertilité des couples en Algérie. Un phénomène dû, selon des spécialistes de la santé, à une stérilité de l’un des membres du couple, à cause d’une maladie ou d’un gène, ce qui engendre le recours systématique aux techniques modernes de procréation. Les génécologies ont senti par-là un créneau juteux d’où leur penchement de créer des cliniques ou laboratoires de procréation afin de traiter les couples infertiles; seulement voilà, ces opérations coûtent les yeux de la tête aux couples intéressés. Qu’en est-il des couples pauvres ou au revenu modeste? En tous les cas, les professionnels de la santé en Algérie ont tiré la sonnette d’alarme sur une pratique devenue monnaie courante et qui est inhérente à l’utilisation, sans cesse, significative des techniques de procréation ou de recouvrement de la reproductivité chez les couples stériles: le taux d’infertilité des couples ne cesse d’augmenter, atteignant désormais 25%. Un chiffre qui pourrait être encore plus élevé si l’on considère les nombreux cas non déclarés. Lors du 8e Congrès international de l’Association des gynécologues-obstétriciens privés de Constantine (AGOPC), des spécialistes ont décortiqué les multiples causes à l’origine de la hausse de l’infertilité. Ils ont, à ce propos, présenté tout un éventail d’avancées thérapeutiques qui permettent aujourd’hui de rétablir la fertilité chez 35% des couples traités. Longtemps considéré comme un tabou, le problème commence à sortir dans les émissions des médias, dans les polycliniques et les discussions quotidiennes tant les couples concernés par l’infertilité n’ont, ce faisant, plus à en rougir. Ce problème de santé, longtemps occulté volontairement ou par conjoncture en raison de son caractère intime, a vu paradoxalement son ampleur augmenter en permanence ces 25 dernières années. La raison en est la hausse des consultations des spécialistes en gynécologie obstétrique. Ainsi, cette hausse significative du nombre de couples, consultant des spécialistes en fertilité, et le recours croissant aux techniques de procréation médicalement assistée (PMA), en témoignent. Si ces dernières ont permis à de nombreux couples de réaliser leur rêve de parenté, elles ont également mis en évidence les limites de la médecine face à la complexité des causes de l’infertilité. Bien que l’infertilité n’ait pas encore bénéficié d’une attention suffisante de la part des pouvoirs publics, la communauté scientifique ne cesse de s’y intéresser. De nombreuses recherches sont en cours pour mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre et développer de nouvelles stratégies thérapeutiques. Les participants, venus de dix pays différents entre autres la France, la Tunisie, la Côte d’Ivoire, la Turquie, l’Espagne, la Jordanie, la Mauritanie, la Belgique etc…, ont abordé de nombreuses thématiques parmi lesquelles le cancer du sein et de l’utérus, les grossesses à haut risque, et bien sûr l’infertilité. Les échanges ont porté sur les dernières avancées scientifiques en matière de diagnostic et de traitement, avec un accent particulier sur les nouvelles techniques de procréation médicalement assistée. Selon le Dr Mohamed Boukkerrou, président de l’Association nationale des gynécologues obstétriciens privés, le cancer du sein est le principal problème de santé chez les femmes algériennes. Il a également souligné l’importance de la prise en charge de l’endométriose, une maladie caractérisée par la présence de tissu semblable à celui de la muqueuse utérine en dehors de l’utérus. Le Dr Boukkerrou a mis en avant l’augmentation des cas d’infertilité qu’il attribue à de nombreux facteurs liés au mode de vie moderne. Il a cependant souligné que grâce aux progrès de la médecine, il est désormais possible de traiter efficacement un grand nombre de couples infertiles. Le Pr Manar Belahmer, chef de service de gynécologie obstétrique au Centre Hospitalo Universitaire Ben Badis, a confirmé cette tendance à la hausse de l’infertilité, soulignant que le problème ne concernait pas uniquement les femmes mais également les hommes. Il a évoqué l’impact de la pollution, de l’alimentation et de l’utilisation excessive des téléphones portables sur la fertilité. Les experts ont également discuté des techniques de procréation médicalement assistée, telles que la fécondation in vitro et l’injection intra-cytoplasmique de spermatozoïde, qui permettent de contourner les problèmes d’infertilité. Ils ont souligné que les taux de réussite de ces techniques sont en constante amélioration grâce aux avancées technologiques. En somme, l’infertilité est devenue un véritable problème de santé publique en Algérie. Les professionnels de la santé s’accordent à dire que la prise en charge de ce problème nécessite une approche globale, associant prévention, diagnostic précoce et traitements adaptés.


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