Après l'assassinat de Isamail Hanniya à Téhéran, le mouvement de résistance palestinien «Hamas» a désigné Yahya Sinwar comme nouveau chef de son bureau politique. Le choix de M. Sinwar, 61 ans, reflète son histoire avec le Hamas. Il a été le plus haut responsable du groupe de résistance à Gaza pendant deux mandats consécutifs, le premier commençant en 2017 et le second en 2021. "Il ne fait aucun doute que le choix de Sinwar à ce poste était un défi à l'occupation israélienne et indique que l'homme reste efficace, fort et maître du terrain à Gaza malgré la guerre en cours", a confié à l’écrivain et analyste politique palestinien Ibrahim Al-Madhoun. "La désignation de Sinwar était naturelle en interne, puisqu'il était effectivement l'adjoint de Haniyeh, en tant que chef du Hamas à Gaza", a-t-il ajouté. Yahya Ibrahim Hassan Sinwar est né en 1962 dans le camp de réfugiés de Khan Younès, dans le sud de Gaza. Sa famille est originaire de la ville de Majdal Shams dans le sud d'Israël, d'où elle a été déplacée de force en 1948. Il a rejoint les Frères musulmans à un jeune âge et a étudié à l'Université islamique de Gaza, où il a obtenu une licence en arabe.
Pendant ses années d'université, il a dirigé le "Bloc islamique", la branche étudiante des Frères musulmans. En 1985, Yahya Sinwar a fondé l'appareil de sécurité des Frères musulmans, connu à l'époque sous le nom d'"Al Majd". Cette organisation se concentre sur la résistance à l'occupation israélienne à Gaza et sur la lutte contre les collaborateurs palestiniens. L'activisme estudiantin de Al-Majd Sinwar l'a aidé à acquérir l'expérience qui lui a permis plus tard d'assumer des rôles de direction au sein du Hamas après sa fondation en 1987. Arrêté en 1982, Yahya Sinwar a été relâché au bout de quelques jours, avant d'être arrêté à nouveau plus tard dans l'année et condamné à six mois de prison pour "participation à des activités de sécurité contre Israël". Le 20 janvier 1988, Israël l'arrête à nouveau et le condamne à quatre peines de prison à vie, plus 30 ans pour avoir "fondé l'appareil de sécurité Al Majd et participé à la création de la première aile militaire du Hamas, connue sous le nom de Moudjahidin palestinien". Yahya Sinwar a passé 23 ans dans les prisons israéliennes avant d'être libéré dans le cadre d'un échange de prisonniers entre le Hamas et Israël en 2011, connu sous le nom «Accord sur Shalit». Après sa libération en 2011, Yahya Sinwar a participé aux élections internes du Hamas en 2012, remportant un siège au bureau politique et assumant la responsabilité de la supervision de l'aile militaire du groupe, les Brigades Al-Qassam. Yahya est tué le 16 octobre lors d'un accrochage avec les forces sionistes. Il n’a pas été éliminé dans les tunnels de l’enclave palestinienne mais en plein jour dans le quartier de Tal Al-Sultan. Abu Obeida, porte-parole des Brigades Izzeddine Al-Qassam, la branche armée du Hamas, a déclaré le 7 mai 2022: «Nous avertissons l’ennemi et ses dirigeants corrompus que s'attaquer à Yahya Sinwar ou à tout autre chef de la résistance provoquera un tremblement de terre dans la région, et que la bataille de l’épée de Jérusalem [en référence au conflit de 11 jours à Gaza en mai 2021] semblera anodine comparée à ce que nous ferons subir à l’ennemi».
Talal Okal, journaliste et analyste politique au journal local Al-Ayyam, a déclaré: «La politique israélienne d’assassinats de dirigeants politiques et militaires palestiniens n’est pas nouvelle». Il a ajouté: «Ces assassinats ne mèneront à rien, car le peuple palestinien remplace les dirigeants assassinés par des dirigeants encore plus engagées dans la défense des droits des Palestiniens. Par conséquent, cela n’a aucun sens de rechercher des solutions sécuritaires ni la paix économique avec l’occupation israélienne. La solution au conflit doit être politique. Il faut reconnaître les droits du peuple palestinien et établir un État palestinien sur les frontières de 1967 avec Jérusalem comme capitale». Le mouvement terroriste palestinien Hamas est «vivant et le restera» en dépit de la mort de son chef Yahya Sinwar tué lors d'une opération militaire israélienne, a affirmé samedi le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei. «Sa perte est certes douloureuse pour le front de la résistance» face à Israël «mais il ne s'arrêtera pas du tout avec le martyre de Sinwar», a assuré dans un communiqué l'ayatollah Khamenei. Frère cadet de Yahya Sinouar, Mohammed, l’homme de l’ombre, est réputé fin stratège. Il est le candidat idéal pour succéder à son frère. Très rare, voire inexistant dans les médias, il n’en reste pas moins l'une des figures les plus redoutées du Hamas qu’il rejoint vers l’âge de 16 ans. Aujourd’hui âgé de près de 50 ans, Mohammed Sinouar est l'un des commandants les plus éminents des brigades Izzeddine Al-Qassam, la branche armée du Hamas. Alors qu’il est le commandant de la brigade de Khan Younès, il se fait remarquer le 25 juin 2006 comme l’un des principaux planificateurs de l’opération «Shattered Illusion». Considérée comme l'une des opérations les plus importantes de l'histoire de la résistance palestinienne, elle avait abouti à la mort de deux soldats israéliens et à la capture du soldat Gilad Shalit. Mohammed Sinouar avait alors négocié sa vie contre la libération de plus d'un millier de prisonniers palestiniens en 2011, dont son frère aîné. Cet acte avait ainsi renforcé sa position au sein du Hamas. Mohammed Sinwar a été victime de six tentatives d’assassinat de la part d’Israël dans le passé, la plus récente ayant eu lieu en mai 2021.
Synthèse de B.L.