Le zèle «électrique» des «coupeurs» de courant

Il est devenu presque banal, dans bon nombre de régions, et plus particulièrement dans les campagnes, d’assister à un spectacle indigne: des entreprises de sous-traitance, mandatées par la Sonelgaz, se précipitant chez les usagers dès la réception de la facture, sans même attendre l’expiration du délai de paiement, pour couper l’alimentation électrique ou, pire encore, pour démonter le compteur. Ce comportement qui frise l’acharnement, en dit long sur leurs véritables motivations: gagner de l’argent, vite et à n’importe quel prix, même au détriment des plus élémentaires règles de respect du consommateur. Car enfin, qu’est-ce qui pousse ces équipes à agir avec une telle hâte, une telle dureté, une telle absence de considération ? La réponse est tristement simple: chaque coupure, chaque opération de retrait, chaque intervention expéditive leur rapporte une rémunération supplémentaire. Plus ils coupent, plus ils gagnent. Et dans cette logique froide où seule compte la rentabilité immédiate, plus rien n’existe: ni les familles laissées dans l’obscurité, ni les appareils ménagers qui s’arrêtent brutalement, ni les personnes âgées dépendant d’un matériel électrique, ni les enfants qui révisent à la lumière d’une lampe de fortune. Les conséquences humaines sont reléguées au dernier rang — si tant est qu’elles soient prises en compte une seule seconde. Ce qui choque davantage encore, c’est la désinvolture avec laquelle ces équipes interviennent dans les zones rurales. On en voit arriver à toute heure, parfois en pleine matinée, parfois à l’improviste, comme si les habitants des campagnes n’avaient droit à aucune forme d’égard. Là, les coupures sont plus fréquentes, plus brutales, plus désorganisées. Pourquoi ? Par facilité ? Par arrogance ? Par conviction que les usagers, isolés, oseront moins protester ? Ou parce que personne ne vient y contrôler réellement ces pratiques ? Nul ne le sait exactement, mais tout le monde en constate les effets: tensions, éclats de voix, altercations, et dans les cas les plus regrettables, des affrontements physiques. On en est arrivé au point où un citoyen qui travaille, paie ses factures et tente de vivre dignement, doit en plus redouter l’irruption de sous-traitants zélés venus lui couper la lumière comme s’il ne valait pas mieux qu’un numéro sur un registre. À ce stade, il est indispensable de s’adresser directement à la Sonelgaz: Messieurs, il est temps de reprendre fermement en main vos «collaborateurs», ces équipes qui agissent en votre nom et sous votre responsabilité. Vous ne pouvez pas fermer les yeux sur des comportements aussi agressifs, aussi humiliants, aussi contraires à l’esprit même du service public — ou du service tout court. On ne lâche pas des agents sur des clients de cette façon. Vous avez un devoir: celui d’encadrer, de contrôler, de sanctionner si nécessaire, et surtout de protéger vos usagers. Les citoyens ne sont pas des adversaires; ils sont ceux qui font vivre votre entreprise. Il est grand temps que cesse cette dérive inacceptable. Les consommateurs méritent un traitement digne, respectueux et humain. Rien ne justifie qu’on les prive de lumière sans même leur laisser la chance d’honorer leur dû dans les délais prévus par les clauses du contrat d’abonnement lui-même. Rien ne justifie que la rentabilité devienne un prétexte pour de telles pratiques. À vous de montrer que vous êtes capables d’assumer vos responsabilités.


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