La jeunesse à laquelle avait été promise une allocation chômage dès 19 ans, voit aujourd’hui cette mesure emblématique se transformer. Initialement présentée comme un soutien durable destiné à offrir un début d’autonomie, elle est désormais envisagée avec des conditions plus restrictives et une durée limitée à un ou deux ans. Un changement de cap qui suscite incompréhension et frustration parmi les jeunes demandeurs. Pour beaucoup, cette évolution sonne comme le recul d’une promesse d’espoir. Certains n’hésitent plus à évoquer le choix de l’exil, estimant ne plus trouver dans leur propre pays la possibilité de mener une vie digne ou simplement de démarrer leur parcours professionnel. Or, l'allocation chômage doit servir de temps de réflexion pour le jeune afin de trouver des solutions de départ dans la vie professionnelle, avec l'accompagnement des pouvoirs publics qui ne doivent plus considérer cette allocation comme un simple moyen de faire patienter les attributaires et les maintenir dans une situation passive, attendant d'autres "gestes de l'état". L’aide de l'État doit être assortie d'un engagement à mettre à profit ce délai pour se sortir de ce statut d'assisté. Les retraités, eux, vivent une autre forme d’attente. La revalorisation annoncée de leurs pensions — d’abord attendue pour janvier 2025, puis repoussée à mai — tarde à se concrétiser. Dans un contexte d’inflation persistante, une partie d’entre eux survit avec 3 000, 10 000 ou 15 000 dinars par mois, des montants insuffisants pour couvrir une semaine de dépenses courantes. Beaucoup témoignent d’une perte progressive de pouvoir d’achat et d’un sentiment d’abandon. Certains disent ne plus espérer qu’une chose: «tenir jusqu’à la fin», faute de perspectives d’amélioration. Ces retards, ces reports et ces ajustements successifs soulèvent une question désormais largement murmurée dans les foyers comme dans l’espace public : l’Algérie traverse-t-elle une crise économique plus profonde que ne le laissent entendre les discours officiels ? L’absence de communication claire sur les réformes sociales et la gestion du calendrier alimentent le doute. Dans les conversations du quotidien, une même phrase revient avec insistance: «On ne comprend plus rien.» Entre une jeunesse qui perd patience et des retraités qui perdent espoir, un malaise général semble s’installer. Un malaise fait de promesses non tenues, d’incertitudes économiques et d’un sentiment partagé d’essoufflement national. Au fond, ce que réclame la population n’a rien d’extraordinaire : un minimum de justice sociale, la possibilité de vivre dignement, et un horizon plus respirable dans une période où beaucoup disent étouffer. Alors c’est le moment de prendre le taureau par les cornes et déclarer une véritable lutte contre la mal-vie qui menace de prendre de l’ampleur en touchant de plus en plus de franges de la société.
En Algérie, les attentes sociales face aux réalités économiques
- par Ben Aek
- Le 06 Décembre 2025
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