Béjaïa. Levée de rideau sur la 14ème édition du Festival international du théâtre

Béjaïa vibre depuis avant-hier au rythme de la 14eme édition du Festival international du théâtre (FITB), devenu désormais un rendez-vous majeur du calendrier culturel algérien. L’ouverture s’est déroulée au Théâtre régional Abdelmalek Bougermouh, en présence de comédiens, metteurs en scène, critiques et passionnés venus de tout le pays et de l’étranger. Placée sous le thème « Les langues populaires dans le théâtre africain », cette édition a débuté avec une pièce forte en symboles : Palestine trahie, produite par le Théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou. Ce choix traduit la volonté du FITB de faire du théâtre un espace de résistance, de parole libre et de mémoire vivante.
Cette édition s’ouvre à l’Afrique en accueillant des troupes venues de sept pays : l’Algérie, la Tunisie, la Mauritanie, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Burkina Faso. La Mauritanie, invitée d’honneur, présente Daybah, une création mêlant tradition orale et questionnements contemporains autour de l’identité et du genre. Le programme comprend aussi des pièces portées par des troupes algériennes offrant une vitrine aux jeunes compagnies émergentes et illustrant la vitalité du théâtre algérien. Des spectacles parallèles, dont du théâtre d’improvisation et du stand-up, se tiennent à la Maison de la culture, témoignant de la diversité des formes scéniques.
Le FITB s’étend cette année à plusieurs communes de la wilaya – Akfadou, Aokas, Amizour, Ouzellaguen, Kherrata, Tazmalt – pour rapprocher le théâtre des publics éloignés. Des conteurs et artistes animent également des ateliers dans les écoles de Béjaïa, Oued Ghir et El-Kseur, afin de sensibiliser les plus jeunes à la création artistique. Un colloque scientifique se tient parallèlement au festival sous le thème : « Les langues populaires dans le théâtre africain ».
Des chercheurs, dramaturges et linguistes d’Algérie, de Tunisie et d’Afrique y débattent de la place des langues locales dans la création théâtrale et de leur rôle comme vecteur de modernité et d’émancipation.
Deux masterclasses consacrées à la mise en scène et à la dramaturgie contemporaine complètent cette dimension formatrice. L’édition 2025 rend hommage à plusieurs comédiens et metteurs en scène pour leur contribution au théâtre national, à travers des rétrospectives et lectures scéniques de leurs œuvres par de jeunes comédiens du TRB — un geste de transmission et de mémoire.
Le long de cette semaine, Béjaïa devient ainsi un carrefour culturel africain où se mêlent traditions et expérimentations contemporaines. Des spectacles en plein air, des contes et légendes africaines ou amazighes revisités pour le jeune public rappellent que le théâtre est aussi un art de partage.
Enfin, un forum panafricain réunira dramaturges, critiques et chercheurs autour d’une question essentielle : le rôle du théâtre dans les dynamiques culturelles et sociales du continent. Quatorze ans après sa première édition, le FITB confirme sa vocation de laboratoire culturel, à la croisée de la création, de la recherche et de la transmission. En plaçant l’Afrique au cœur de cette édition, Béjaïa réaffirme son rôle de carrefour des cultures et de voix ouverte sur le monde.


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