La Chambre de la Pêche et de l'Aquaculture de la wilaya de Sidi Bel-Abbès a récemment orchestré un séminaire de formation d'une portée intellectuelle et économique notable, axé sur l'élevage du Tilapia rouge intégré à l'activité agricole. Cette initiative se positionne comme un catalyseur potentiel pour une nouvelle ère de diversification économique rurale et de gestion optimisée des ressources hydriques et nutritionnelles. L'événement a agrégé une trentaine d'acteurs clés – universitaires en quête d'application, agriculteurs désireux d'innover et jeunes entrepreneurs – issus de cinq wilayas (Oran, Saïda, Chlef, Naâma, et Sidi Bel-Abbès), témoignant de l'intérêt interrégional pour ces modèles agro-écologiques novateurs. Le dispositif d'encadrement a illustré une synergie institutionnelle et technique remarquable, mobilisant des experts du secteur, des représentants de l'ANGEM (Agence Nationale de Gestion du Microcrédit) et de la NASDA (Agence Nationale de Soutien et de Développement de l'Entrepreneuriat), un ingénieur de l'écloserie de Tabia ainsi que des formateurs du centre professionnel de Youb (Saïda). Cette convergence de l'expertise financière, administrative et technique visait non seulement à transmettre un savoir-faire piscicole, mais également à baliser le terrain pour le montage de projets aquacoles viables et durables. Le programme didactique, organisé à l'école régionale du football, a transcendé la simple instruction technique. Les modules pratiques et théoriques ont en effet mis l'accent sur la logique systémique de l'Aquaculture Intégrée Multi-Trophique (AIMT). Les stagiaires ont ainsi été initiés non seulement aux spécificités de l'élevage du Tilapia rouge – gestion de la qualité physico-chimique de l'eau, stratégies d'alimentation – mais surtout à la circularité des nutriments. L'utilisation des effluents piscicoles, riches en matière organique et minérale, pour la fertilisation des cultures agricoles représente le cœur de cette approche, promettant de réduire la dépendance aux intrants chimiques coûteux et de minimiser l'impact environnemental.
Un moment fort de la formation réside dans la transposition pratique des connaissances. La visite et l'apprentissage in situ dans une ferme aquacole sélectionnée ont permis aux participants d'observer et d'expérimenter concrètement les techniques d'élevage du Tilapia rouge dans les bassins d'irrigation. Cette immersion est cruciale pour internaliser les principes de l'aquaculture intégrée, faisant du bassin non plus une simple réserve d'eau, mais un élément productif et régulateur de l'écosystème agricole global. À travers ce type d'initiative, la Chambre de la Pêche et de l'Aquaculture de Sidi Bel-Abbès s'affirme comme un acteur moteur de l'innovation rurale. L'objectif macroéconomique est clair : encourager l'investissement dans le secteur aquacole et favoriser l'émergence de microprojets autonomes et durables dans le monde rural, contribuant in fine à la sécurité alimentaire et à l'atténuation des pressions socioéconomiques. La réception par les participants fut extrêmement positive, ces derniers ayant exprimé une détermination manifeste à traduire ce capital cognitif en entreprises productives. La réussite de cette formation pourrait dès lors préfigurer un changement de paradigme dans l'approche de l'agriculture en zone aride et semi-aride où l'optimisation de l'usage de l'eau via l'aquaculture intégrée devient un impératif stratégique. L'intégration du Tilapia rouge – espèce reconnue pour sa rusticité et son rendement – dans le tissu agricole algérien est bien plus qu'une simple diversification : c'est un pari sur la résilience et l'intelligence écologique selon les responsables du secteur.
Sidi Bel-Abbès. Séminaire régional sur l'élevage du Tilapia rouge
- par Mohamed Nouar
- Le 10 Octobre 2025
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