Il y a des voix qui restent après le silence. A Oran, la voix de Cheikh Mimoun Mokhtari est l’une de celle-là: une parole lente est claire qui pendant des décennies a servi de repère moral pour des générations de fidèles, d’étudiants et de passants, prédicateur respecté, souvent invité dans les mosquées de toute la wilaya et même ailleurs, Cheikh Mimoun n’était pas seulement un maître du sermon: il était, pour beaucoup, le passeur d’une sagesse patiente, ancrée dans la tradition Oranaise er ouverte aux défis du temps. Les anciennes générations se souviennent d’un homme sobre dans l’habit est généreux dans la parole. Ses prêches, courts, ciselés, jamais grandiloquents, faisaient la part belle aux histoires concrètes, aux exemples de la vie quotidienne. Il parlait des obligations religieuses autant que des vertus civiques, le respect des voisins à Maraval, son quartier, la dignité du travail, la nécessité de l’entraide dans les ruelles d’Oran. Dans les fêtes religieuses comme dans les moments de deuil, sa voix était attendue. Elle avait ce mélange de gravité et de proximité qui rassure. Son discours ne se limitait pas aux murs de la mosquée. Cheikh Mimoun était souvent présent dans les moments publics : réunion de quartier, cérémonies familiales, hommages... et il savait adapter son langage. Sérieux quand il fallait, chaleureux pour consoler. Ceux qui l'ont entendu, le disent, il savait parler aux jeunes en évitant la condescendance et rappeler aux anciens leurs devoirs sans les accabler. Cheikh Mimoun faisait partie de ces figures respectées que l’on appelait quand deux familles se disputaient, quand des voisins cessaient de se parler ou quand une rancune menaçait la paix du quartier. Connu pour son calme et sa douceur, il ne portait ni robe d’autorité ni badge officiel. Son pouvoir résidait dans la confiance qu’il inspirait, il écoutait d’abord longuement puis d’une voix ferme mais apaisante, il rappelait les paroles du prophète sur le pardon, la fraternité et le devoir de voisinage. Aujourd'hui, à l’heure où les litiges finissent souvent devant les tribunaux ou sur les réseaux sociaux, les souvenirs de Cheikh Mimoun résonnent comme un appel à renouer avec la sagesse d’autrefois, celle du dialogue, du respect et du pardon. Cheikh Mimoun Mokhtari qui réconciliait les cœurs… et dont le fils Ahmed a repris la voie.
Cheikh Mimoun Mokhtari. L’homme qui réconciliait les cœurs
- par Youcef. Chaibi
- Le 08 Octobre 2025
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