À Relizane, le pain n’est plus seulement un aliment de base, il est devenu une véritable crise sociale et quotidienne qui commence dès les premières heures du matin. Vers 10h ou 11h, le pain ordinaire disparaît des étals de la majorité des boulangeries, laissant derrière lui de longues files d’attente et une population épuisée par une situation qui se répète, jour après jour, sans qu’aucune solution ne soit en vue.
Une crise persistante malgré l’intervention des journalistes.
Le problème n’est pas nouveau. Les journalistes locaux ont, à plusieurs reprises, interpellé directement le directeur du commerce intérieur et de la régulation du marché, en lui transmettant les doléances des citoyens et en appelant à une intervention urgente. Mais malgré les promesses réitérées du responsable, rien n’a changé sur le terrain. La crise perdure, donnant ainsi plus de liberté aux boulangers pour enfreindre la loi et défier ouvertement les décisions de l’État.
Des promesses sans suite
Malgré les descentes répétées des agents de contrôle du commerce et malgré les engagements du directeur de secteur qui affirmait intervenir pour garantir la disponibilité du pain ordinaire, la réalité reste inchangée. Les citoyens se retrouvent seuls face à une crise qui touche à l’un de leurs droits alimentaires les plus élémentaires. La pénurie ne constitue pas le seul problème. Certains boulangers profitent de la situation pour augmenter leurs marges au détriment du consommateur. Non seulement le poids de la baguette est réduit et vendu à 10 DA au lieu du prix officiel fixé à 7,50 DA, mais en plus, les consommateurs se voient imposer un soi-disant “pain amélioré”, enrichi en sucre et en huile, vendu à 15 DA. Ce pain, devenu quasi incontournable pour les familles, représente un fardeau financier supplémentaire pour les ménages modestes et un danger sanitaire pour les nombreux diabétiques de la wilaya. Khadidja, mère de famille (45 ans): «Je cherche du pain dès 9h du matin. Je passe d’une boulangerie à l’autre et souvent je rentre les mains vides, ou avec du pain amélioré trop cher pour qu’on puisse en acheter tous les jours. Les promesses des responsables n’ont rien changé». Mustapha, ouvrier journalier: «Déjà, mon salaire ne me suffit pas. Le pain ordinaire a disparu, soit il est allégé et vendu plus cher, soit on nous oblige à acheter du pain amélioré. C’est devenu un combat quotidien pour un simple pain». Hayat, diabétique : «Ce pain amélioré est un danger pour ma santé, mais on n’a pas le choix. Est-il concevable qu’en 2025, on vive encore une crise du pain ?» La situation frappe de plein fouet les familles démunies, incapables de supporter le coût du pain amélioré chaque jour. Elle touche aussi directement les malades chroniques, notamment les diabétiques, contraints de consommer un pain contenant sucre et huile, avec tous les risques que cela représente pour leur santé. Malgré l’existence d’un dispositif de contrôle commercial, et malgré les multiples alertes relayées par les journalistes, la réalité n’a pas bougé. Aujourd’hui, le citoyen se retrouve entre le marteau de la pénurie du pain ordinaire et l’enclume de la cherté du pain amélioré, tandis que les boulangers continuent à défier la réglementation. Les interventions des autorités locales demeurent limitées à des promesses sans concrétisation. Les citoyens de Relizane lancent un appel pressant aux autorités locales et nationales pour garantir la disponibilité du pain ordinaire subventionné, tout au long de la journée.
Renforcer le contrôle des boulangeries et sanctionner les contrevenants. Protéger les catégories sociales vulnérables et les malades chroniques des abus commerciaux. Tenir pour responsables les autorités qui n’ont pas su gérer une crise touchant à l’alimentation de base des citoyens. À Relizane, le pain est devenu le symbole d’une souffrance sociale qui dépasse le simple manque d’un aliment de base. La crise révèle des failles dans les mécanismes de contrôle et l’inefficacité des promesses officielles. Tandis que les citoyens poursuivent leur combat quotidien pour un simple morceau de pain, une question demeure : quand les promesses deviendront-elles des actes?