Le Carrefour de Mostaganem

Ces quartiers mythiques qui meurent dans un silence assourdissant

Par H. Med Krelifa

Les personnes de la génération des années soixante se souviennent qu’après l’indépendance, les vieux quartiers de Derb, Tabana et Tidgditt ont été délaissés par la population pour des périphéries de confort plus moderne suite au départ massif des pieds noirs. A l’inverse, des populations de plus en plus nombreuses, issues de l’exode rural, s’y installèrent. C’est depuis cette période que la crise dans ces médinas s’est intensifiée par la densification et la saturation. Par conséquent, la situation de taudis du bâti se construisait progressivement. Ces médinas sont à présent victimes de leur vieillissement dû à l’usure du temps et à la densité de ses constructions. Les habitations qui sont dans un état de délabrement continu, souffrent de surdensité, de l’obsolescence, des rajouts illicitement inadéquats et du démembrement de la propreté. Le facteur aggravant qui a accentué la dégradation des structures et des fondations, c’est l’existence de plusieurs locataires dans une seule maison, mais des non propriétaires. Ajoutant à cette situation de dégradation, l’autre particularité qui se traduit par la précarité des ménages qui habitent les maisons menaçant ruine. Ainsi, ces locataires sont parfois confrontés au refus des propriétaires d’intervenir sur leur bien. En somme, la situation foncière des maisons délabrées, l’absence des vrais propriétaires s’ajoutent à la complexité de la problématique. Juste une minorité de propriétaires occupant les demeures y ont procédé aux aménagements de leurs biens pour plus de confort. Ce qui est resté à présent avec l’usure du temps, parmi celles qui ont été épargnés par l’opération bulldozer, elles vont continuer à se délabrer, d’autant plus que les habitants dont promesse leur a été faite de les reloger par une commission idoine mais sans agenda préétabli. Ils iront sciemment participer à la dégradation de leur bâti. Ils négligeront de faire procéder aux petits travaux de réfection ou de confortement afin qu’ils puissent parvenir à ce placer en priorité en position d’éligibilité au relogement. La position du collectif d’association chargé de la protection du patrimoine du vieux bâti est la suivante: Les autorités locales sont invitées à réagir afin de faire élaborer, en partenariat avec les représentants de la société civile, une stratégie qui préservera ce patrimoine culturel et historique. Les faire réhabiliter, les restaurer, deviendra un facteur essentiel de continuité, de stabilité pour réduire la pauvreté et l’exclusion sociale.

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Absence criante des activités politiques des partis

Par H. Med Soltane

A l’instar du paysage politique dans les autres wilayas, celui de Mostaganem traverse aujourd’hui une crise profonde, marquée par un silence assourdissant des partis agréés, incapables d’assumer leur rôle de médiateurs entre les citoyens et les institutions. Cette situation est particulièrement visible à Mostaganem où la société civile, les associations locales et les habitants se retrouvent privés d’interlocuteurs valables pour porter leurs préoccupations auprès des collectivités locales et de l’administration de wilaya. Une démocratie réduite à un décor institutionnel. Officiellement, l’Algérie compte des dizaines de partis politiques agréés, héritiers d’un pluralisme arraché au prix de luttes et de sacrifices. Mais dans les faits, ces formations semblent s’être muées en coquilles vides. Elles existent sur le papier, parfois sur les réseaux sociaux, mais très rarement sur le terrain. Leurs bureaux locaux, lorsqu’ils existent encore, ressemblent davantage à des vitrines poussiéreuses qu’à des espaces vivants d’échange et de débat. Cette inertie fragilise l’idée même de démocratie représentative: comment parler de pluralisme lorsque les voix censées exprimer la diversité des opinions se taisent devant les injustices, la précarité sociale ou encore la mauvaise gouvernance locale?
Mostaganem : un exemple frappant d’abandon politique
Dans une wilaya comme Mostaganem, riche de son histoire, de son potentiel agricole, touristique et universitaire, on aurait pu s’attendre à une effervescence politique et associative. Or, la réalité est tout autre : les partis agréés brillent par leur absence. Aucune permanence active, aucune tribune organisée, aucun relais concret entre les citoyens et les décideurs locaux. Face à cette vacance, les habitants et les associations civiles locales se retrouvent seuls à porter leurs revendications, souvent dans l’indifférence de l’administration communale ou de wilaya. Le maire, censé être la figure de proximité, reste injoignable ou prisonnier de la bureaucratie tandis que les directeurs d’institutions wilayales agissent sans concertation avec la société civile. En somme, il n’existe plus de passerelle entre le citoyen et le pouvoir: un vide qui mine la confiance et laisse la population désarmée. Des associations livrées à elles-mêmes. Les associations locales, qui devraient être encouragées à jouer un rôle complémentaire, sont elles aussi frappées par l’isolement. Faute de relais politiques, elles se heurtent à des portes closes lorsqu’il s’agit de solliciter un soutien, d’obtenir une autorisation ou simplement de faire entendre leurs propositions pour améliorer la vie quotidienne des habitants. Ce manque de dialogue institutionnalisé pousse beaucoup de militants associatifs à abandonner, découragés par l’indifférence. La vitalité citoyenne qui devrait être le cœur battant de la démocratie locale, se retrouve ainsi asphyxiée. En somme, le prix de l’absence politique. Cette situation n’est pas sans conséquences. Elle nourrit le désintérêt des citoyens pour la chose publique, renforce le sentiment d’exclusion et ouvre la voie à l’individualisme, voire à la résignation collective. L’absence d’opposition, de critique constructive et de débats locaux empêche l’émergence de solutions adaptées aux réalités du terrain. Le peuple se retrouve orphelin de représentants authentiques, prisonnier d’un système administratif centralisé où les décisions descendent du sommet sans jamais remonter de la base. À Mostaganem, comme ailleurs, les habitants vivent dans une sorte de désert politique où le pluralisme proclamé n’est qu’un mirage. Pour une refondation de la représentation politique, il est urgent de poser une question dérangeante : à quoi servent encore ces partis politiques agréés ? Sont-ils des acteurs voués à défendre les intérêts du peuple ou des vitrines décoratives d’un pluralisme de façade ? La société algérienne ne pourra avancer sans une refondation de la représentation politique. Cela implique : le réveil des partis agréés qui doivent revenir sur le terrain, écouter, débattre et proposer. La reconnaissance et l’appui réel aux associations civiles locales afin qu’elles deviennent des partenaires dans la gestion de la cité. L’instauration d’un véritable dialogue entre les élus locaux, l’administration et la société civile.
Un appel à la conscience
collective:
L’absence d’activité des partis politiques agréés n’est pas une fatalité. C’est le résultat d’un système où l’inertie est devenue une stratégie et où le silence équivaut à une complicité tacite. À Mostaganem, comme dans tout le pays, les citoyens doivent exiger des comptes et réclamer des partis vivants, présents, engagés. Car sans relais politiques, sans médiateurs, sans opposition constructive, la démocratie locale restera une illusion. Et tant que ce désert politique persistera, la société civile demeurera condamnée à crier dans le vide.

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Vers une nouvelle ère du tourisme durable

Par L. Hagani

La wilaya de Mostaganem a amorcé un tournant stratégique pour se positionner en tant que modèle de tourisme durable. À l’occasion de la Journée mondiale du Tourisme, célébrée chaque 27 septembre, la région a relevé le défi en organisant un événement phare sous le thème mondial «Tourisme et transformation durable». Cet événement qui a attiré l'attention des acteurs locaux et internationaux, a été orchestré par la Chambre de Commerce et d’Industrie Dahra – Mostaganem, en partenariat avec la Direction du Tourisme et de l’Artisanat. Il s’est tenu à l’hôtel Hyproc des Sablettes. L’objectif était de faire de Mostaganem une référence en matière de développement durable dans le secteur touristique, tout en réunissant les acteurs du domaine pour réfléchir ensemble à son avenir. Le programme de cette journée a démarré sur une note visuelle avec la projection d’un film documentaire. Ce dernier a mis en lumière le potentiel touristique de la région, révélant non seulement ses plages idylliques mais aussi son riche patrimoine culturel, ses traditions ancestrales et la beauté de ses paysages naturels. Loin de se contenter d’une simple présentation, l'événement a également donné lieu à des actions concrètes telles que la signature d’une convention de partenariat entre la Chambre de Commerce et l’Agence de tourisme Chouk El Harmine. Un engagement fort pour un tourisme durable et créateur de valeur. Les échanges qui ont suivi, ont permis de jeter les bases d’une transformation profonde du secteur. Parmi les points forts abordés lors de cette journée, on a mis en avant les avantages compétitifs de Mostaganem, en tant que destination d'investissement touristique. L’Agence algérienne de promotion de l’investissement a présenté les multiples opportunités offertes aux investisseurs, tout en soulignant l’importance d’un cadre réglementaire adapté aux spécificités du secteur. La Direction du Commerce, quant à elle, a détaillé les normes en vigueur pour encadrer les activités touristiques, avec un accent particulier sur les exigences de durabilité, notamment dans le domaine de la restauration hôtelière. Un autre aspect fondamental de cette journée a été la présentation des mécanismes fiscaux et douaniers en place pour soutenir les investisseurs dans le secteur touristique. Des mesures incitatives ont été évoquées, visant à réduire les obstacles administratifs et à encourager l’implantation de nouveaux projets. Les porteurs de projet ont aussi pu découvrir les aides disponibles via des structures comme l’agence NESDA dont la mission est de faciliter l’accès au financement et au soutien pour les initiatives touristiques innovantes. L’ambition est de transformer la wilaya en un modèle à suivre pour le tourisme durable où l’innovation rencontre la tradition et où chaque initiative vise à respecter l’environnement, tout en générant des retombées économiques positives. À travers des partenariats renforcés et un cadre propice à l’investissement, la région se prépare à jouer un rôle clé dans la transition vers un tourisme plus durable en Algérie.


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