Un récent coup de filet mené par la Gendarmerie nationale dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès a mis en lumière la persistance de pratiques occultes, aboutissant à l'arrestation de deux individus, un homme de 72 ans et une femme de 36 ans, soupçonnés d'exercer des activités de sorcellerie et de charlatanisme. L'affaire, désormais entre les mains du Parquet de Ben Badis, soulève des questions fondamentales sur le chevauchement complexe entre la croyance populaire, la fraude et l'application de la loi. Les faits, datant du 19 septembre, trouvent leur origine dans une patrouille routinière de la brigade de Lamtar. L'attitude jugée suspecte d'une conductrice, manifestant une panique visible à la vue des forces de l'ordre, a servi de catalyseur à l'enquête. L'interception et la fouille du véhicule ont révélé une panoplie d'objets: des talismans et divers ingrédients dont la fonction est intrinsèquement liée à des rituels de sorcellerie. L'interrogatoire de la femme a rapidement conduit les enquêteurs à l'identité d'un complice présumé, un septuagénaire. La perquisition subséquente, menée à son domicile, a non seulement confirmé les soupçons mais a également révélé un véritable arsenal du charlatan: des livres de formules, des photos de tiers inconnus, des cahiers et agendas recensant potentiellement une clientèle ou des rituels, ainsi que des flacons de liquides suspects.
L'opération menée par la Gendarmerie nationale s’est soldée par la mise au jour d'activités clairement qualifiées de frauduleuses et interdites par la loi. Au-delà de l'aspect pénal, cette affaire est révélatrice d'une demande sociale persistante pour des services relevant de l'irrationnel. Dans de nombreuses sociétés, le recours à la sorcellerie ou aux pratiques occultes s'inscrit dans un vide souvent laissé par l'incapacité à gérer l'incertitude, la maladie ou les conflits personnels par des moyens conventionnels. L'interpellation de ces deux individus dont l'écart d'âge est notable, illustre la transmission ou la perpétuation de ces pratiques à travers les générations. Leur mise en examen vise non seulement à réprimer la tromperie et l'exploitation de la crédulité publique, mais aussi à démanteler un réseau exploitant la vulnérabilité émotionnelle et psychologique de ses "clients". Si l'efficacité de l'action policière est à saluer pour avoir mis fin à ces agissements, l'affaire est un rappel sociologique: la lutte contre le charlatanisme est une bataille constante qui doit être menée à la fois sur le terrain de l'application de la loi et sur celui de la sensibilisation contre l'obscurantisme.
Sidi Bel-Abbès. Arrestation de deux charlatans
- par Mohamed Nouar
- Le 27 Septembre 2025
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