Située au nord-ouest de l’Algérie, la wilaya de Relizane s’impose comme l’un des territoires les plus marqués par leur vocation agricole. Ses plaines fertiles, son climat méditerranéen favorable et la diversité de ses sols en font une zone agricole stratégique, apte à soutenir des productions variées allant des céréales — notamment le blé et l’orge, aux cultures maraîchères et arboricoles. Pour une grande partie de la population rurale, l’agriculture représente non seulement une activité économique essentielle, mais aussi un mode de vie profondément enraciné. Malgré ces atouts naturels, le secteur agricole à Relizane demeure confronté à une série de contraintes administratives qui compliquent le travail des agriculteurs, en particulier au début de chaque saison agricole. À l’heure où les fellahs entament la préparation de leurs terres, commence également une véritable course contre la montre pour obtenir les semences indispensables au lancement de la campagne. Avec l’ouverture de la saison des semis, les agriculteurs de Relizane se lancent dans une longue série de démarches permettant d’acquérir les semences de blé ou d’orge. Ce parcours débute au niveau du bureau local de la Direction des Services Agricoles (DSA) dans chaque daïra, première étape incontournable pour obtenir le certificat de déclaration de semis. Selon les agriculteurs rencontrés, cette procédure exige une quantité importante de documents: quatre copies de la carte d’identité nationale, quatre copies du formulaire de déclaration sur l’honneur, des renseignements détaillés sur la surface agricole, la localisation de l’exploitation et les types de cultures prévues. Les files d’attente et la lenteur du traitement des dossiers rallongent cette étape qui peut durer plusieurs heures. «Malgré la numérisation annoncée, nous perdons encore énormément de temps ici», déplore un fellah de la région de Mendès. Une fois le certificat obtenu, les agriculteurs se rendent à la Coopérative des Céréales et des Légumineuses Sèches (CCLS) de Relizane pour déposer leur demande de semences et retirer la facture pro forma. L’étape suivante consiste à se rendre au BADR (Banque de l’Agriculture et du Développement Rural) pour régler le montant correspondant. Mais là encore, le parcours est loin d’être terminé : après le paiement, les agriculteurs doivent retourner à la coopérative pour remettre le reçu bancaire, finaliser la facture et programmer la récupération des semences. Pour les producteurs de blé, une nouvelle étape les attend : se déplacer vers les coopératives de Mendès ou d’El-Kaf Lazreg où se trouvent les variétés spécifiques de semences de blé dur ou tendre. Quant aux semences d’orge, elles sont exclusivement distribuées au niveau de la CCLS de Relizane. Cette multiplicité des points de passage, répartis parfois sur des distances importantes, alourdit considérablement le quotidien des fellahs, déjà pressés par les délais des opérations agricoles. «Nous passons plus de temps sur la route que sur nos terres. Entre la DSA, la coopérative et la banque, on fait parfois les mêmes démarches plusieurs fois», affirme un agriculteur de Sidi Lazreg.
Face à cette bureaucratie complexe, les agriculteurs de Relizane expriment une série de revendications concrètes:
Regrouper toutes les démarches dans un même point de service, permettant d’obtenir les documents, Payer et Retirer les semences au même endroit, Intégrer les agences BADR dans les coopératives de Mendès et de Zemoura afin d’éviter les longs déplacements pour effectuer le paiement, Centraliser la distribution des semences pour éviter que le blé soit disponible dans une zone et l’orge dans une autre et Accélérer les procédures de dédouanement interne après le paiement, souvent ralenties par les échanges de documents papier. Selon eux, la persistance de ces lourdeurs administratives pénalise directement la production agricole et retarde les opérations de semis, pourtant déterminantes pour la réussite de la campagne. Pour les fellahs, la quête des semences n’est pas qu’une tâche préparatoire, mais un véritable défi quotidien. Dans un contexte où la modernisation et la numérisation des services publics sont des priorités nationales, ils espèrent que les procédures seront bientôt rationalisées afin de favoriser un accès rapide, efficace et transparent aux intrants agricoles.
Relizane, avec son potentiel agricole exceptionnel, pourrait alors exprimer pleinement sa vocation nourricière et contribuer davantage à la sécurité alimentaire nationale. Mais tant que les démarches resteront aussi longues et dispersées, les agriculteurs continueront de mener, chaque saison, une bataille administrative avant même de commencer leur bataille agricole.
Acquisition des semences entre lourdeurs administratives et impératifs de production. Les agriculteurs de Relizane face au parcours du combattant
- par N. Ouadah
- Le 07 Décembre 2025
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