Béjaia. Un vaste plan pour replanter, moderniser et valoriser l’oléiculture

La wilaya de Béjaïa, pôle d’une huile d’olive réputée dans tout le pays, lance un programme ambitieux pour revitaliser son oléiculture. Ce plan, inscrit dans la stratégie nationale de valorisation des cultures pérennes, vise à étendre les superficies plantées, rajeunir un verger vieillissant et moderniser les techniques de production. Selon la Direction des Services Agricoles, «les agriculteurs pourront bénéficier de plants d’olivier, afin de renforcer la production locale et préserver un patrimoine agricole unique». Les variétés traditionnelles comme le Chemlal, le Limli, l’Azeradj ou le Tabelout resteront au cœur du programme, tout comme l’oléastre sauvage, parfaitement adapté au terroir local et capable, une fois greffé, d’augmenter la production nationale de 30%. Sur le plan technique, les campagnes de vulgarisation encouragent l’adoption de méthodes modernes de culture et de récolte où la préservation de la qualité des fruits reste prioritaire. Mais des défis persistent où 40 % des huileries fonctionnent encore avec du matériel vétuste, ce qui impacte le rendement et la qualité. Béjaïa représente plus de 30% du verger oléicole national avec 50.541 ha de plantations dont 75% sont composées de vieux oliviers greffés sur oléastres. Cependant, le secteur reste vulnérable : stress hydrique, réchauffement climatique et incendies ont réduit la production ces dernières années. La filière souffre d’un circuit de distribution informel, sans véritable marché structuré ni exportations d’envergure. Les représentants des oléiculteurs dénoncent une vente anarchique qui ternit le label «huile de Kabylie» et réclament une professionnalisation de la filière: mise à niveau des huileries, gestion des sous-produits, crédits adaptés, laboratoires d’analyse et renforcement du tissu associatif. Le laboratoire d’analyses oléicoles de Takerietz, situé à Institut Technique de l'Arboriculture Fruitière et de la Vigne (ITAFV) de Takrietz, a obtenu fin 2024 l’agrément du Conseil Oléicole International (COI) pour réaliser des analyses de type A conformes aux normes internationales (taux d’acidité, indice de peroxyde, absorbance, humidité, impuretés, etc). Cette reconnaissance renforce sa mission d’accompagner les producteurs locaux dans l’amélioration de la qualité de leurs huiles, tout en ouvrant la voie à une meilleure compétitivité sur les marchés d’exportation. Avec ce programme de régénération et d’extension du patrimoine oléicole, Béjaïa espère préserver son héritage, moderniser sa production et se positionner sur le marché international, renouant avec les records passés où plus de 22 millions de litres, lors des meilleures campagnes, ont été récoltés.


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